Le 18 septembre 2024, l’ONU a exprimé son profond regret face à l’annonce d’un nouveau report des premières élections de l’histoire du Soudan du Sud, initialement prévues pour décembre. Nicholas Haysom, chef de la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (MINUSS), a vivement critiqué cette décision, attribuant la paralysie du processus électoral au gouvernement sud-soudanais.
Le président Salva Kiir a annoncé une prolongation de deux ans de la période de transition post-guerre civile, désormais prévue jusqu’en février 2025, après des élections retardées à deux reprises. Ce nouveau report, après celui de 2022, met en lumière les difficultés profondes du pays à avancer vers une démocratie stable.
Malgré un soutien conditionnel de l’ONU à cette prolongation, Nicholas Haysom n’a pas caché son désaccord. Il a rappelé que la communauté internationale avait accepté la première extension sous réserve d’un engagement clair à éviter tout nouveau délai. Or, « le pays n’est toujours pas prêt pour des élections », a-t-il regretté, pointant un manque flagrant de progrès dans la mise en œuvre des réformes essentielles, telles que la rédaction d’une constitution et la création d’une armée unifiée.
Cette situation met en exergue les faiblesses institutionnelles du Soudan du Sud, où la classe politique est dominée par des luttes de pouvoir, la corruption et des conflits ethniques persistants. Le pays est loin de réaliser les promesses de l’accord de paix de 2018, qui avait mis fin à cinq années de guerre civile meurtrière.
En plus des tensions politiques internes, le Soudan du Sud fait face à une situation humanitaire alarmante. Avec près de neuf millions de personnes dépendantes de l’aide internationale, le pays subit les effets dévastateurs des catastrophes climatiques et des conflits régionaux, comme celui qui sévit au Soudan voisin, qui a également perturbé l’exportation de pétrole, principale source de revenus du pays.
Ce nouveau report des élections illustre une crise profonde, où les autorités peinent à tenir leurs engagements, plongeant le pays dans une incertitude prolongée. Si des mesures décisives ne sont pas prises, le chemin vers la démocratie pourrait être encore retardé, laissant le Soudan du Sud dans une transition sans fin.