Le 18 septembre 2024, le nouveau gouvernement jordanien, dirigé par Jafar Hassan, a officiellement prêté serment devant le roi Abdallah II. Cette cérémonie marque la transition après les élections législatives du 10 septembre, qui ont été marquées par une percée significative du Front d’action islamique (FAI), le bras politique des Frères musulmans.
Le roi Abdallah II avait chargé Jafar Hassan, ancien directeur de son cabinet et ex-ministre du Plan, de former le nouvel exécutif suite à un scrutin caractérisé par une faible participation. Conformément à la Constitution, bien que le gouvernement démissionne après les élections, c’est le roi qui nomme le Premier ministre, le Parlement ayant des pouvoirs limités dans ce processus.
Depuis plusieurs années, le roi appelle à une « transition vers des gouvernements parlementaires efficaces ». Cependant, il estime que la réalisation de cet objectif nécessite des partis politiques robustes et plusieurs cycles parlementaires.
Les élections récentes sont les premières depuis l’adoption début 2022 d’une nouvelle loi qui a élargi le Parlement de 130 à 138 sièges, augmenté le quota réservé aux femmes et abaissé l’âge minimum des candidats, dans l’espoir de dynamiser la scène politique.
Le nouveau cabinet, dirigé par Jafar Hassan, compte 31 ministres, dont 14 issus de l’ancienne équipe. Aucun membre du gouvernement n’appartient à un parti politique ; la majorité sont des représentants de tribus ou des hommes d’affaires. Les ministres, dont cinq femmes, ont prêté serment au palais de Raghadan à Amman.
Le FAI a remporté 31 sièges sur 138 au Parlement, un résultat inédit pour le principal parti d’opposition jordanien depuis plus de trois décennies. Ce succès s’inscrit dans un climat de mécontentement face à une économie stagnante et à la guerre en cours à Gaza, qui a exacerbé le mécontentement de nombreux électeurs jordaniens, dont près de la moitié sont d’origine palestinienne.
Le décret royal du 18 septembre a approuvé la formation du nouveau cabinet, avec Jafar Hassan comme Premier ministre et ministre de la Défense. La liste des ministres inclut Ayman Safadi comme vice-Premier ministre et ministre des Affaires étrangères, Raed Abu Soud comme ministre de l’Eau et de l’Irrigation, et d’autres figures clés dans divers domaines.
Dans son discours, le Premier ministre Hassan a exprimé sa gratitude pour la confiance du roi et a promis de travailler à la modernisation économique, politique et administrative du pays. Il a souligné l’importance de la collaboration avec le secteur privé pour attirer les investisseurs et a exprimé l’engagement du gouvernement à soutenir les jeunes, les femmes, et à renforcer le secteur agricole tout en répondant aux défis régionaux et à la nécessité de moderniser les secteurs de l’éducation et de la santé.
La prestation de serment du nouveau gouvernement jordanien, dirigé par Jafar Hassan, marque une nouvelle étape dans la gestion politique du royaume, mais elle s’inscrit principalement dans une logique de continuité.
Bien que les réformes constitutionnelles et les récents ajustements législatifs visent à moderniser le système politique, le pouvoir exécutif reste solidement ancré entre les mains de la monarchie. La nomination de Jafar Hassan, un proche collaborateur du roi Abdallah II, reflète cette volonté de contrôle, malgré les discours sur la nécessité de gouvernements parlementaires efficaces.