Pour la deuxième semaine consécutive, des centaines de Tunisiens ont manifesté sur l’avenue principale de Tunis, symbole du Printemps arabe, en opposition au président KaisSaied. Leur mécontentement s’intensifie en raison d’un projet de loi proposé par des législateurs proches de Saied, visant à priver le tribunal administratif de son pouvoir de résoudre les litiges électoraux. L’opposition considère cette mesure comme une manœuvre pour discréditer les élections à venir et faciliter la réélection de Saied. Les manifestants l’accusent d’aggraver la situation autoritaire et de restreindre la concurrence politique avant les élections présidentielles prévues le 6 octobre.
Sous une forte présence policière, les manifestants ont scandé des slogans tels que « Le peuple veut la chute du régime » et « Dehors le dictateur Saied ». Ce mécontentement est alimenté par la crainte que les changements législatifs facilitent un contrôle accru de Saied sur le processus électoral.
Nabil Hajji, dirigeant du parti d’opposition Attayar, a déclaré : « Les démarches de Saied révèlent qu’il n’est plus populaire et qu’il craint de perdre les élections. Les Tunisiens n’ont plus d’autre choix que de se rassembler dans la rue pour défendre notre démocratie. »
Les tensions se sont exacerbées après que la commission électorale, nommée par Saied, a disqualifié trois candidats présidentiels de premier plan : MondherZnaidi, Abdellatif Mekki et Imed Daimi. En défiant le tribunal administratif, la commission a réduit le nombre de candidats à deux, dont AyachiZammel, actuellement en prison pour des accusations de falsification qu’il juge politiques.
Les critiques accusent Saied d’utiliser la commission électorale et le système judiciaire pour étouffer toute concurrence. En revanche, Saied rejette ces accusations, affirmant qu’il lutte contre les traîtres et les corrompus. L’intégrité du processus électoral est mise en question, et ses actions pourraient avoir des répercussions durables sur la démocratie en Tunisie.
Le climat politique est également marqué par des défis économiques, avec un taux de chômage atteignant 16 % et une croissance stagnante à 0,4 %. Le Parti de la Renaissance – Ennahda a rapporté des arrestations massives de ses membres, renforçant le sentiment de répression parmi l’opposition.
Les défenseurs des droits de l’homme appellent l’Union européenne à exercer une pression accrue sur le gouvernement tunisien pour garantir des élections libres. L’UE, qui craint un glissement vers un régime autoritaire, est préoccupée par l’impact de l’accord migratoire avec la Tunisie, qui a suscité des controverses.
La mobilisation de l’opposition, avec des partis comme Attayar et des groupes de défense des droits, illustre la tension croissante entre un régime de plus en plus répressif et une population désireuse de préserver ses acquis démocratiques.
À La gestion actuelle de la crise, marquée par des arrestations et un contrôle accru des médias, suggère que Saied cherche à maintenir l’autorité entre ses mains, tandis que les appels à la résistance pourraient ouvrir la voie à une nouvelle mobilisation populaire.
Alors que les élections du 6 octobre approchent, l’avenir politique de la Tunisie semble suspendu à un fil.la mobilisation de la société civile et de l’opposition s’avérera essentielle pour préserver les droits et libertés fondamentales. Par ailleurs, la réaction de la communauté internationale, en particulier celle de l’UE, sera déterminante pour assurer un processus électoral libre et équitable, condition indispensable à l’avenir démocratique de la Tunisie.