Le Royaume-Uni a officialisé la conclusion d’accords avec l’Angola et la Namibie visant à faciliter le retour des migrants en situation irrégulière ainsi que de ressortissants impliqués dans des affaires criminelles. Cette annonce s’inscrit dans une stratégie assumée de fermeté migratoire, alors que Londres cherche à renforcer son contrôle des flux migratoires et à dissuader les arrivées illégales, en particulier par la Manche.
Selon le ministère britannique de l’Intérieur, ces accords ont été obtenus après que le gouvernement a clairement fait savoir qu’il n’hésiterait pas à recourir à des sanctions en matière de visas contre les pays refusant de coopérer au rapatriement de leurs ressortissants. Une ligne dure revendiquée par les autorités britanniques, qui entendent désormais lier étroitement la politique migratoire à la diplomatie des visas.
Dans ce contexte, la République démocratique du Congo (RDC) se retrouve directement ciblée. Londres a décidé de lui retirer l’accès aux procédures accélérées de délivrance de visas, ainsi que le traitement préférentiel habituellement réservé aux responsables politiques, aux décideurs économiques et aux hauts fonctionnaires. Le gouvernement britannique estime que Kinshasa n’a pas répondu aux exigences de coopération en matière de retour de ses ressortissants en situation irrégulière.
La ministre de l’Intérieur, Shabana Mahmood, a averti que ces restrictions pourraient être renforcées si aucun progrès tangible n’était constaté dans les prochaines semaines. Elle a même évoqué la possibilité d’une suspension totale des visas pour la RDC, soulignant que « chaque pays a la responsabilité de reprendre ses citoyens lorsqu’ils n’ont pas le droit de rester sur le territoire britannique ».
Ces mesures marquent une étape importante dans la mise en œuvre des réformes migratoires annoncées le mois dernier par le gouvernement. Celles-ci prévoient notamment un statut de réfugié temporaire, une accélération des procédures d’expulsion et un durcissement des conditions d’accueil pour les personnes entrées illégalement au Royaume-Uni. L’objectif affiché est double : réduire l’attractivité des filières clandestines et envoyer un signal clair aux pays d’origine comme aux migrants.
La question migratoire demeure particulièrement sensible au Royaume-Uni, où les traversées illégales de la Manche continuent d’alimenter le débat politique et les tensions au sein de l’opinion publique. Les autorités britanniques font face à une pression croissante pour démontrer l’efficacité de leur politique, alors que les images d’embarcations de fortune arrivant sur les côtes anglaises restent fréquentes.
Dans ce cadre, la ministre des Affaires étrangères, Yvette Cooper, a indiqué que plus de 50 000 personnes n’ayant pas le droit de séjourner au Royaume-Uni avaient été expulsées depuis juillet 2024, soit une hausse de 23 % par rapport à la période précédente. Elle a appelé l’ensemble du réseau diplomatique britannique à faire des rapatriements une priorité absolue, intégrant désormais cette question au cœur de l’action extérieure du pays.
Au-delà des chiffres, ces accords avec l’Angola et la Namibie illustrent une évolution notable de la posture britannique : Londres entend utiliser pleinement ses leviers diplomatiques pour obtenir des résultats concrets, quitte à accentuer les tensions avec certains partenaires africains. Une approche qui pourrait redéfinir, à moyen terme, les relations du Royaume-Uni avec plusieurs pays du continent, sur fond de débats persistants sur la responsabilité partagée en matière de gestion des migrations internationales.


























