L’Arabie saoudite a averti, samedi 27 décembre, qu’elle interviendrait militairement contre les séparatistes du Conseil de transition du Sud (STC) au Yémen si ceux-ci poursuivaient leurs actions hostiles au gouvernement reconnu internationalement. Riyad a appelé le STC à se retirer pacifiquement des provinces récemment conquises de Hadramout et Mahra, dans l’espoir de résoudre la crise sans effusion de sang.
Cette annonce fait suite à des frappes sur des positions séparatistes, attribuées par le STC au royaume saoudien. Le général Turki al-Malki, porte-parole de la coalition dirigée par Riyad, a déclaré que les forces saoudiennes interviendraient « directement et au moment opportun » pour protéger la vie des civils, tout en réitérant un appel à une solution pacifique. Sur X, le ministre saoudien de la Défense, le prince Khaled ben Salmane, a insisté : « Il est temps pour les séparatistes de faire prévaloir la voix de la raison et de remettre pacifiquement les provinces d’Hadramout et Mahra aux autorités. »
Le STC, soutenu par les Émirats arabes unis, a récemment pris le contrôle de vastes portions de territoire yéménite et affiche son objectif de rétablir l’ancien État du Yémen du Sud, indépendant de 1967 à 1990. Dans ce contexte, le gouvernement yéménite a demandé vendredi à la coalition dirigée par l’Arabie saoudite de prendre des mesures militaires pour soutenir ses forces et protéger les civils.
Une chaîne de télévision proche du STC a rapporté que des frappes saoudiennes ont visé des positions séparatistes dans la province d’Hadramout. Le STC a confirmé deux frappes, sans faire état de victimes, et a averti que ces attaques « n’empêcheraient pas les populations du Sud de continuer à avancer vers la restauration de leurs droits ». Le mouvement a toutefois déclaré rester « ouvert à tout arrangement » garantissant la sécurité, l’unité et l’intégrité du Sud.
Selon Farea al-Muslimi, analyste à Chatham House, « les séparatistes ont franchi la ligne rouge. Humilier l’Arabie saoudite publiquement est une erreur stratégique majeure. » Du côté international, le secrétaire d’État américain Marco Rubio a appelé à la retenue, tout en évitant de prendre parti entre Riyad et les Émirats arabes unis.
Début décembre, le STC avait déjà refusé une demande d’Abu Dhabi et de Riyad de se retirer des provinces conquises. Plus de 15 000 combattants yéménites appuyés par l’Arabie saoudite sont massés dans des zones stratégiques le long de la frontière saoudo-yéménite, prêts à intervenir si les négociations échouent. À ce stade, aucune instruction militaire d’avancer n’a été donnée.
Ces tensions risquent de fragiliser davantage le Yémen, déjà plongé depuis 2014 dans un conflit dévastateur opposant les rebelles houthis, soutenus par l’Iran, au gouvernement yéménite. L’intervention de la coalition menée par Riyad en 2015 a aggravé la guerre, qui a causé des centaines de milliers de morts et déclenché l’une des pires crises humanitaires mondiales.


























