La condamnation d’Ayachi Zammel, ancien candidat à la présidence tunisienne, à une peine cumulée de 31 ans de prison soulève des questions cruciales sur l’état de la démocratie en Tunisie. Cette décision intervient dans un contexte où l’espace politique se réduit de manière alarmante, avec des accusations de détournement judiciaire visant à éliminer toute opposition au président Kaïs Saïed.
Zammel, dont la campagne a été interrompue par son arrestation dès le début de septembre, est désormais en détention depuis plusieurs mois. Les accusations qui pèsent sur lui, liées à des infractions concernant les parrainages, sont fermement contestées par sa défense. Me Abdessatar Messoudi, son avocat, souligne l’absence de preuves tangibles, affirmant que les condamnations sont le résultat d’un climat de répression politique orchestré par le gouvernement actuel.
L’implication de ses frères dans cette affaire et les condamnations similaires auxquelles ils font face renforcent l’idée d’une chasse aux sorcières visant à réduire au silence les voix dissidentes. Le soutien d’organisations de gauche et d’anciens membres de l’opposition, qui dénoncent ces manœuvres, met en lumière une dynamique de résistance contre les dérives autoritaires du régime.
Lors de la dernière élection, Zammel a obtenu un maigre 7,35% des voix, face à un président sortant qui a raflé 90,7% des suffrages dans un contexte d’abstention record. Les exigences strictes pour les parrainages, imposées par l’Instance supérieure indépendante des élections (Isie), ont constitué un véritable obstacle pour de nombreux candidats, accentuant l’illégitimité du processus électoral. Ce cadre restrictif a été critiqué non seulement par des acteurs locaux, mais également par des institutions internationales telles que l’Union européenne.
Cette affaire ne représente pas seulement une tragédie personnelle pour Zammel et sa famille, mais elle illustre également la détérioration inquiétante de l’État de droit en Tunisie. La multiplicité des poursuites judiciaires contre des personnalités politiques suscite des interrogations sur la volonté du gouvernement de maintenir un système démocratique véritable.
Alors que Zammel se prépare à comparaître devant le tribunal de Manouba pour d’autres accusations, les observateurs s’inquiètent des répercussions de ces événements sur la participation citoyenne et l’engagement politique en Tunisie. La montée en puissance des arrestations arbitraires et des procès biaisés pourrait inciter davantage de citoyens à se détourner de la politique, alimentant un cycle de désengagement qui pourrait nuire à l’avenir démocratique du pays.
La condamnation d’Ayachi Zammel symbolise une érosion alarmante des principes démocratiques en Tunisie. La communauté internationale doit prêter attention à ces développements, car la liberté d’expression et le pluralisme politique sont des piliers essentiels pour la pérennité de la démocratie dans le pays. L’issue de cette affaire pourrait bien déterminer l’orientation future de la Tunisie sur le chemin du renouveau démocratique ou de l’autoritarisme.