Un scandale politico-sexuel d’une ampleur inédite en Guinée équatoriale ébranle les bases du pouvoir en place et ravive les débats sur la gouvernance et l’éthique des dirigeants. Baltasar Ebang Engonga, directeur général de l’Agence nationale d’investigation financière (ANIF), neveu du président Teodoro Obiang Nguema Mbasogo et fils du président de la commission de la CEMAC, Baltasar Engonga Edjo’o, n’est pas un simple technocrate. Cet homme de pouvoir, à la tête des finances publiques, est au centre d’une affaire qui mêle abus de pouvoir, fraude fiscale et comportements sexuels déviants.
Selon des révélations explosives relayées par DakarActu, Engonga aurait utilisé son bureau et ses équipements de surveillance pour filmer des relations intimes avec plusieurs femmes, dont des épouses de figures politiques influentes. Plus de 400 vidéos compromettantes ont ainsi été divulguées sur les réseaux sociaux, provoquant une onde de choc à l’échelle nationale et internationale. Ces images, capturées dans des lieux aussi inattendus que des bureaux administratifs, des hôtels et des toilettes , ont circulé massivement, exacerbant la colère des citoyens et l’inquiétude des autorités.
Les vidéos incriminées révèlent des relations avec des femmes influentes, notamment l’épouse du directeur de la Sécurité présidentielle, celle du procureur général, ainsi que la fille du directeur général de la police. Ces révélations ne se contentent pas d’entacher l’image de Baltasar Engonga, elles soulignent également les dysfonctionnements au sein des institutions gouvernementales, mettant en lumière des failles dans la moralité des dirigeants et l’intégrité du système politique.
Face à l’ampleur de l’affaire, Teodoro Nguema Obiang, vice-président et fils du président, a réagi fermement, ordonnant la mise en place de caméras de surveillance dans les ministères et tribunaux pour prévenir d’éventuels abus similaires. Des mesures disciplinaires strictes ont été prises à l’encontre des fonctionnaires concernés, bien que certains observateurs estiment qu’il s’agisse davantage d’une tentative de protéger l’image du régime que d’une réelle volonté de réforme des pratiques gouvernementales.
Cependant, au-delà de la simple dérive individuelle, cette affaire met en lumière des tensions profondes au sein de la dynastie Obiang. La fuite des vidéos soulève une question cruciale : comment expliquer que les services de renseignement, connus pour leur contrôle rigoureux dans un environnement politique opaque, aient permis la diffusion de ces images, normalement placées sous scellés ? Certains analystes suggèrent que cela pourrait être une manœuvre délibérée visant à affaiblir des factions rivales au sein du régime, orchestrée par Teodorín Obiang ou ses alliés. En exploitant le scandale, Teodorín pourrait non seulement nuire à la position de Baltasar Engonga et de son père, mais aussi envoyer un message à l’opposition interne : la lutte pour la succession est lancée, et aucune opposition ne sera tolérée.
Ce scandale survient alors que Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, président depuis 1979, approche de ses 82 ans. Bien qu’il soit connu pour sa discipline de vie rigoureuse, ses apparitions publiques deviennent plus rares, et des informations non confirmées suggèrent un déclin de sa santé. En 2017, des rapports évoquaient des visites régulières à la clinique Mayo aux États-Unis pour des bilans de santé. Dans ce contexte, les enjeux de succession se complexifient et les luttes de pouvoir au sein de la famille présidentielle risquent de marquer les mois et années à venir, avec des intrigues politiques de plus en plus féroces.