Depuis le début de l’année 2024, l’Arabie saoudite a exécuté 101 ressortissants étrangers, un chiffre record selon un décompte de l’AFP basé sur les annonces officielles. Ces données, confirmées par des groupes de défense des droits humains, témoignent d’une escalade préoccupante dans l’application de la peine de mort, notamment contre des individus accusés de trafic de drogue.
Le dernier cas recensé est celui de Moussa Saleh, un Yéménite exécuté à Najran pour trafic de stupéfiants, portant le nombre total d’exécutions étrangères à un niveau inédit. En comparaison, seulement 34 étrangers avaient été exécutés en 2023 et en 2022. Ce bond reflète une recrudescence des sanctions capitales, dénoncée par des organisations comme l’ESOHR, basée à Berlin, qui qualifient cette tendance de «crise d’exécutions sans précédent».
Ces exécutions contredisent les déclarations du prince héritier Mohammed Ben Salmane, qui affirmait en 2022 à The Atlantic avoir limité la peine de mort aux crimes les plus graves. Cependant, le bilan de 274 exécutions en 2024, incluant 69 cas liés au trafic de drogue, souligne une réalité différente.
Pour les défenseurs des droits humains, ces exécutions ciblent souvent des étrangers vulnérables, exploités par des réseaux criminels et incapables de bénéficier d’une défense équitable. Amnesty International classe l’Arabie saoudite parmi les pays ayant le plus recours à la peine de mort, après la Chine et l’Iran, avec une cadence inquiétante depuis la fin du moratoire sur les crimes liés aux stupéfiants en 2022.
Les victimes viennent de divers horizons : 21 Pakistanais, 20 Yéménites, 14 Syriens, 10 Nigérians, et des ressortissants de nombreux autres pays. Ces chiffres traduisent une application discriminatoire de la peine capitale, souvent dénoncée par des ONG comme Reprieve. Leur directeur Moyen-Orient, Jeed Basyouni, alerte sur une trajectoire qui pourrait dépasser les 300 exécutions d’ici la fin de l’année, un record en plus de trois décennies.
Cette politique saoudienne engendre des préoccupations sur les intentions réelles de Riyad, à l’heure où le royaume cherche à redorer son image sur la scène internationale. Ces exécutions massives ternissent les efforts de modernisation et de réforme proclamés par Mohammed Ben Salmane, tout en accentuant les critiques sur les violations des droits humains persistantes dans le royaume.