Notre pays est devenu, sans conteste, la République des files d’attente, où hommes, femmes, enfants et personnes âgées patientent du lever du jour jusqu’au soir. Files d’attente pour le lait, la semoule, les bananes, la viande, les légumineuses, les légumes, les médicaments, mais aussi devant les maisons de prostitution et les lieux de débauche. Où que l’on se tourne en Algérie, on trouve des files d’attente interminables. La dernière en date concerne… le café.
Le pays fait face à une crise grave et sans précédent concernant cette denrée. Les prix du café ont connu une hausse spectaculaire ces dernières semaines, suscitant une vive inquiétude parmi les citoyens quant aux répercussions de cette pénurie sur leur vie quotidienne. Malgré les avertissements répétés, le gouvernement n’a pris aucune mesure sérieuse pour contenir la situation, aggravant ainsi les souffrances de la population et ramenant à l’avant-plan le spectre de précédentes crises sociales et économiques.
Contrairement à ce que certains pourraient penser, la situation n’est pas anodine. Des experts et observateurs soulignent qu’une partie importante de cette crise est attribuable à ce qu’ils qualifient de « mafia du café ». Les généraux et officiers militaires sont accusés de contrôler les quantités de café importées ainsi que les prix sur le marché local. Ce monopole a rendu l’accès à cette boisson essentielle, pour une population déjà éprouvée, coûteux, voire parfois impossible. Cela creuse davantage le fossé entre les classes sociales et accentue la pression sur les familles modestes et à revenus limités.
Cette crise actuelle du café rappelle une situation similaire survenue en 1987, où le pays avait connu une pénurie sévère, entraînant des protestations populaires d’envergure qui avaient bouleversé l’ordre social et politique. Si notre peuple, oppressé, ne se réveille ni face à la faim, ni face à la soif, ni même devant la transformation de nos villes et villages en repaires de débauche, espérons que le café devienne le déclencheur d’une révolte contre cette clique maléfique : la mafia militaire.