Le groupe pétrogazier public algérien Sonatrach a annoncé, le 28 novembre 2024, la rupture de son contrat avec Samsung Engineering, un partenariat d’une valeur de 1,36 milliard de dollars signé en 2020 pour la construction d’une raffinerie géante à Hassi Messaoud. Ce projet, destiné à renforcer la production nationale de carburants et à soutenir les exportations, est désormais relancé avec un nouveau consortium formé par le chinois Sinopec et l’espagnol Técnicas Reunidas.
Cette décision d’écarter Samsung survient après plusieurs années de collaboration marquées par des retards récurrents et des problèmes techniques ayant affecté le projet lancé en 2017. Ce retard accumulé soulève des interrogations sur la capacité de Sonatrach à mener à bien un projet d’une telle envergure, d’autant plus que certaines erreurs de gestion auraient pu être évitées. Si cette rupture peut être perçue comme une mesure corrective face à un partenaire jugé inefficace, elle met surtout en lumière des défaillances structurelles dans la gestion des grands projets au sein de l’entreprise.
Le projet de la raffinerie, désormais estimé à 4 milliards de dollars, est caractérisé par une dynamique complexe, avec Sinopec détenant 49 % et Técnicas Reunidas 51 % des parts. Une telle répartition des parts pourrait compliquer la coordination des décisions et la gestion opérationnelle, notamment dans le cadre de la collaboration entre trois acteurs internationaux. Les différences culturelles, les objectifs divergents, ainsi que la complexité de l’intégration des systèmes de gestion, sont autant de facteurs susceptibles de freiner l’efficacité du consortium.
Ce changement de partenaire intervient après un appel d’offres lancé par Sonatrach en 2017, alors que le chantier de la raffinerie n’a toujours pas démarré. À l’origine, le projet visait une capacité de 5 millions de tonnes par an, soit 110 000 barils par jour, avec pour objectif de répondre à la demande intérieure tout en générant des volumes à exporter. Cependant, une question persiste : Sonatrach parviendra-t-elle à concrétiser ce projet colossal dans les délais impartis, soit avant 2027 ?
Les précédents de Sonatrach dans la gestion de projets d’envergure, souvent marqués par des retards chroniques et des révisions stratégiques, nourrissent les doutes. Bien que l’entrée du consortium sino-espagnol ouvre de nouvelles perspectives, il reste à savoir si Sonatrach saura surmonter les défis liés à la gestion complexe du projet. Pour assurer la réussite de la raffinerie de Hassi Messaoud, une gestion rigoureuse et une évaluation plus précise des risques seront nécessaires. En définitive, ce projet pourrait devenir un test décisif pour Sonatrach, déterminant sa capacité à gérer efficacement des partenariats internationaux et à mener à bien ses ambitions de transformation du secteur pétrolier algérien.