Le défilé militaire célébrant le 70ᵉ anniversaire de la Guerre de libération nationale, présenté par la revue *El-Djeïch* comme un triomphe de modernisation et de professionnalisme de l’Armée nationale populaire (ANP), soulève des interrogations légitimes sur l’utilisation excessive de telles démonstrations de force.
Si l’événement se veut un symbole de fierté nationale et de progrès, il reflète surtout une dérive propagandiste où les priorités sécuritaires écrasent les véritables enjeux sociaux et économiques du pays. Dans un contexte de crise multidimensionnelle — chômage élevé, inflation galopante et services publics en déliquescence —, cet étalage de puissance militaire semble hors de propos. Il détourne l’attention des véritables préoccupations des citoyens, qui peinent à joindre les deux bouts, tout en accentuant la centralisation des pouvoirs au sein de l’appareil militaire.
L’argument selon lequel le défilé illustre une prétendue « Algérie nouvelle » apparaît comme une rhétorique creuse. Les ressources massives mobilisées pour cet événement auraient pu être redirigées vers des initiatives concrètes pour améliorer les conditions de vie ou moderniser les infrastructures civiles, secteurs où le pays accuse un retard préoccupant. De plus, la mise en avant excessive de l’ANP dans des sphères militaires, notamment par la nomination de Saïd Chanegriha à des fonctions gouvernementales, illustre une militarisation accrue de l’État, éloignant l’Algérie des standards démocratiques et de bonne gouvernance.
En fait, l’insistance sur la grandeur et la symbolique de l’armée, décrite comme un « bouclier invincible », frôle le culte de l’institution militaire, au détriment d’un nécessaire débat sur l’équilibre des pouvoirs. Une nation ne peut aspirer à la prospérité et à la stabilité en confiant l’avenir de son peuple uniquement à des démonstrations de force. L’Algérie a besoin d’un projet collectif inclusif, axé sur le développement humain et l’émancipation économique, loin des discours autoproclamés de puissance militaire qui ne font que renforcer une façade illusoire.