Les cours du pétrole ont progressé lundi, effaçant partiellement les pertes enregistrées la semaine précédente, et ce malgré l’annonce d’une nouvelle hausse de production de l’OPEP+. Une décision qui, loin d’inquiéter les marchés, semble déjà intégrée par les investisseurs.
Le baril de Brent de la mer du Nord, pour livraison en novembre, a gagné 0,79 % à 66,02 dollars, tandis que le West Texas Intermediate (WTI), référence américaine pour livraison en octobre, s’est apprécié de 0,63 % à 62,26 dollars.
« La semaine dernière, le marché anticipait déjà l’augmentation de l’offre par l’OPEP+, ce qui avait entraîné une baisse des prix d’environ 3,5 % », rappelle Andy Lipow, analyste chez Lipow Oil Associates.
Dimanche, Ryad, Moscou et leurs partenaires de l’alliance OPEP+ ont décidé d’augmenter leur production de 137 000 barils par jour à partir d’octobre, par rapport au niveau de septembre. Mais selon plusieurs experts, la quantité réellement injectée sur le marché sera inférieure à ce chiffre.
« Un certain nombre de pays n’ont pas été en mesure d’honorer leurs quotas précédents. L’augmentation effective sera probablement inférieure à 100 000 barils quotidiens », estime Andy Lipow.
Certains producteurs disposent de capacités limitées, tandis que la Russie pourrait rencontrer davantage de difficultés à exporter ses barils en raison des pressions américaines et européennes. D’autres États devront au contraire réduire leur offre dans les prochains mois pour compenser des dépassements passés.
Pour Jorge Leon, analyste chez Rystad Energy, la décision du cartel illustre une stratégie claire : « L’OPEP+ ne laisse aucun doute sur sa priorité, qui est de défendre ses parts de marché ».
Cette volonté s’inscrit dans un contexte de concurrence accrue : les États-Unis multiplient les forages sous l’impulsion de Donald Trump, tandis que le Canada, le Guyana et le Brésil augmentent également leur production.
Sur le plan géopolitique, l’arrivée de nouveaux barils pourrait renforcer la marge de manœuvre de Washington pour accentuer la pression sur l’Iran, via des sanctions plus strictes. Dans le même temps, les tensions liées à la guerre en Ukraine continuent de peser sur les perspectives d’approvisionnement, alors que l’Union européenne maintient son cap d’une sortie progressive du pétrole russe d’ici 2028.
Si l’OPEP+ poursuit son cycle d’augmentations entamé en avril après plusieurs années de restrictions, le ralentissement du rythme d’ajustement laisse entrevoir une certaine prudence. Le risque de surabondance de l’offre pendant l’hiver dans l’hémisphère nord reste présent, mais les marchés semblent privilégier pour l’heure la résilience de la demande et les incertitudes géopolitiques.