La Namibie a mobilisé, dimanche 28 septembre, des renforts militaires pour tenter de contenir un incendie d’une ampleur exceptionnelle qui dévaste depuis près d’une semaine le parc national d’Etosha, l’une des plus vastes et prestigieuses réserves animalières d’Afrique.
Situé au nord du pays, dans une région semi-désertique, ce parc emblématique s’étend sur près de 23 000 km² et abrite une biodiversité unique, comprenant 114 espèces de mammifères, dont le rhinocéros noir, classé en danger critique d’extinction. Il constitue également une destination phare du tourisme namibien, accueillant chaque année près de 200 000 visiteurs.
Selon le ministère de l’Environnement, l’incendie, attisé par des vents violents et une végétation particulièrement sèche, a déjà ravagé environ 34 % du parc – soit plus de 770 000 hectares. Près de 30 % des pâturages ont été réduits en cendres, privant de nombreux animaux de leur principale source de nourriture. Si aucun décès humain n’a été enregistré, plusieurs animaux ont péri, dont au moins neuf antilopes recensées. L’ampleur réelle des pertes pour la faune demeure encore inconnue.
Face à l’urgence, le conseil des ministres s’est réuni samedi avant d’ordonner le déploiement de 500 soldats supplémentaires, venus de différentes régions du pays, en renfort des pompiers, policiers, bénévoles et communautés locales déjà mobilisés. Deux hélicoptères ont également été engagés pour appuyer les opérations au sol. « Les troupes sont en train d’être positionnées dans toutes les zones touchées », a déclaré le ministre de la Défense, Frans Kapofi.
Les autorités précisent que le feu est désormais maîtrisé dans certaines zones, mais reste actif et dangereux dans la région d’Omusati, proche de la frontière avec l’Angola. Plusieurs routes touristiques ont été fermées par mesure de sécurité, et les visiteurs ont été invités à la plus grande prudence.
L’origine du sinistre n’a pas été formellement établie, mais le ministère de l’Environnement évoque la piste d’activités de production de charbon de bois dans des fermes commerciales bordant le parc. Cette hypothèse alimente la colère de l’opposition, qui accuse le gouvernement de ne pas avoir anticipé une telle catastrophe et de négliger les dispositifs de prévention à long terme.
Outre le choc écologique, l’incendie représente une menace directe pour les moyens de subsistance des populations riveraines, dont l’économie dépend à la fois du tourisme et de l’agropastoralisme. La présidence a reconnu que « l’incendie constitue une menace importante pour la biodiversité, la faune et les communautés locales », promettant une mobilisation nationale jusqu’à extinction totale des flammes.
Étendue sur un paysage impressionnant, dominé par l’immense marais salant d’Etosha, visible depuis l’espace, la réserve constitue l’un des joyaux naturels de l’Afrique australe. Mais le drame en cours rappelle avec force la fragilité des écosystèmes face aux incendies de grande ampleur, de plus en plus fréquents dans les savanes arides, souvent liés aux activités humaines et aggravés par le changement climatique.