La formation du nouveau gouvernement néerlandais s’enlise, deux semaines après la victoire surprise du centriste Rob Jetten (D66). Malgré les efforts du médiateur Wouter Koolmees, les négociations piétinent, prises en étau entre les ambitions du centre et l’intransigeance d’une droite refusant toute alliance avec le camp progressiste.
Le D66, arrivé en tête avec 26 sièges, tente de bâtir une coalition de compromis, à la fois stable et représentative. Jetten propose une alliance quadripartite rassemblant son parti, le CDA (centre-droit, 18 sièges), le VVD (droite libérale, 22 sièges) et l’alliance Verts/Travaillistes (20 sièges). Ensemble, ces formations disposeraient d’une solide majorité de 86 sièges sur 150.
Mais cette option se heurte à un refus catégorique du VVD, dont la dirigeante rejette toute coopération avec les écologistes et les sociaux-démocrates. Pour le parti libéral, l’objectif est clair : construire un gouvernement homogène, recentré à droite, quitte à se priver d’une majorité.
Le VVD plaide ainsi pour une coalition « de raison » composée du CDA, du D66 et du parti populiste JA21, qui a fait une percée remarquée avec neuf sièges. Ce scénario, purement arithmétique, plafonnerait toutefois à 75 sièges, soit juste en dessous de la majorité nécessaire. De surcroît, il placerait Rob Jetten, figure modérée du centre, à la tête d’un gouvernement tiré vers la droite — une position politiquement délicate à assumer.
Le médiateur Wouter Koolmees tente de maintenir un fil ténu entre les formations. Il propose que le D66 et le CDA, jugés les plus compatibles idéologiquement, amorcent ensemble la rédaction d’un accord de coalition partiel, susceptible d’attirer ensuite d’autres partenaires. Mais le blocage du VVD compromet cette approche pragmatique.
“Il semble y avoir un large soutien pour une coalition incluant au moins le CDA et le D66, les deux grands vainqueurs des élections”, a déclaré M. Koolmees, tout en reconnaissant que les discussions ne devraient pas aboutir avant Noël.
Ce nouvel épisode d’impasse souligne une fois encore les difficultés chroniques du système politique néerlandais, où aucun parti ne domine durablement et où la culture du compromis devient de plus en plus fragile. Le centre, bien que victorieux, peine à imposer sa ligne face à une droite divisée entre pragmatisme libéral et tentation populiste.
Alors que les Néerlandais attendaient un signe de stabilité après une campagne tendue, le pays s’enfonce dans une période d’incertitude politique qui pourrait durer encore plusieurs semaines — voire plusieurs mois.


























