Le Premier ministre britannique Keir Starmer se retrouve au cœur d’une vive polémique depuis l’arrivée au Royaume-Uni, le 26 décembre 2025, de l’activiste britanno-égyptien Alaa Abd El-Fattah. Starmer avait accueilli son retour avec enthousiasme, qualifiant son dossier de « priorité absolue » et saluant la grâce accordée par le président égyptien Abdel Fattah al-Sisi en septembre 2025, après des années de détention considérées par de nombreux observateurs comme arbitraires. Cette arrivée, présentée comme un succès diplomatique et humanitaire, visait à illustrer l’engagement du gouvernement travailliste envers la défense des droits des citoyens britanniques à l’étranger.
Cependant, dès le lendemain, d’anciens tweets d’Abd El-Fattah, datant principalement de 2010 à 2014, ont refait surface et déclenché une controverse immédiate et intense. Ces messages, désormais largement critiqués, contiennent des appels explicites à la violence contre les « sionistes », des propos haineux dirigés contre la police (« nous devrions tous les tuer »), ainsi que des insultes racistes envers les « Blancs » et les Britanniques. Ces publications, souvent supprimées depuis, avaient déjà suscité des réactions à l’époque, notamment en 2014, lorsqu’elles avaient bloqué sa nomination au prix Sakharov. À l’époque, Abd El-Fattah avait défendu ses propos comme sortis de leur contexte, expliquant qu’ils s’inscrivaient dans des discussions enflammées et émotionnelles liées aux conflits à Gaza.
La révélation de ces tweets a plongé le Royaume-Uni dans une tempête politique majeure, soulignant les tensions entre considérations humanitaires, impératifs diplomatiques et réactions sociales. Du côté du gouvernement travailliste, le Foreign Office a rapidement réagi en condamnant fermement ces messages comme « odieux » et « abhorrents », insistant sur le fait que le soutien consulaire, appliqué par les gouvernements successifs, n’impliquait en aucun cas une approbation des opinions passées de l’activiste. Selon des sources proches du Premier ministre, Keir Starmer n’avait pas été informé de l’existence de ces tweets au moment de son accueil, ce qui place désormais le chef du gouvernement dans une position délicate, coincé entre ses engagements humanitaires et la nécessité de répondre aux critiques politiques et sociales.
L’opposition conservatrice n’a pas tardé à réagir avec virulence. Robert Jenrick, shadow justice secretary, a dénoncé une « grave erreur de jugement » et réclame la révocation immédiate de la citoyenneté britannique d’Abd El-Fattah, obtenue en 2021 via sa mère née au Royaume-Uni, ainsi que son expulsion. Iain Duncan Smith, ancien leader conservateur ayant activement soutenu la campagne pour la libération de l’activiste, exprime désormais ses regrets et demande l’ouverture d’une enquête policière afin d’évaluer les éventuelles violations de la loi et la portée des messages diffusés. Ces réactions illustrent la fracture politique sur la manière de gérer les affaires touchant aux droits individuels et à la sécurité nationale, plaçant le gouvernement Starmer sous une pression accrue.
Parallèlement, les communautés juives britanniques ont exprimé leur consternation. Le Board of Deputies of British Jews et le Jewish Leadership Council se sont dits « horrifiés » par ce qu’ils perçoivent comme un accueil « effusif » du gouvernement, dans un contexte marqué par une inquiétante hausse des actes antisémites au Royaume-Uni. La controverse a également mobilisé d’autres figures publiques, comme Nigel Farage (Reform UK), qui a signalé les messages à la police antiterroriste et appelle ouvertement à la déportation de l’activiste, renforçant la polarisation autour de cette affaire et accentuant le débat sur la frontière entre liberté d’expression, sécurité et responsabilité politique.
Cette crise révèle plus largement les difficultés auxquelles le gouvernement Starmer est confronté pour concilier principes humanitaires et gestion politique. La protection consulaire d’un citoyen détenu arbitrairement se heurte ici à la nécessité de condamner des propos extrémistes et de rassurer l’opinion publique, mettant en lumière les dilemmes éthiques et diplomatiques auxquels est confronté tout gouvernement moderne. Alors que la controverse continue de se propager dans les médias et sur les réseaux sociaux, l’affaire Abd El-Fattah illustre les enjeux complexes de la politique internationale et intérieure, et la manière dont les décisions humanitaires peuvent rapidement devenir des sujets de débat national et international.


























