Les bureaux de vote ont fermé leurs portes le 28 décembre 2025 au Myanmar, marquant la fin de la première phase des élections générales organisées par la junte militaire, près de cinq ans après le coup d’État de 2021. Ce scrutin en trois étapes – les prochains tours sont prévus les 11 et 25 janvier 2026 – est largement dénoncé comme une « mascarade » par l’opposition, l’ONU et les gouvernements occidentaux, qui y voient une tentative de légitimer le pouvoir militaire sous un vernis civil.
Dans les zones contrôlées par la junte (environ un tiers du pays), la participation a semblé faible, bien inférieure à celle des élections de 2020, selon des témoignages d’habitants à Yangon et Mandalay. Certains électeurs ont décrit un processus plus « discipliné », mais teinté de peur : « J’avais peur avant de voter, maintenant je suis soulagé », a confié une femme de Mandalay à la BBC, tandis qu’une jeune votante de 22 ans a exprimé l’espoir d’un président favorisant l’égalité et la baisse des prix.
chef de la junte, Min Aung Hlaing, a voté dans un bureau hautement sécurisé à Naypyidaw et affirmé à la presse que l’élection était « libre et équitable ». Il a rejeté les critiques internationales, soulignant son rôle de « fonctionnaire » et insistant sur le fait que ne pas voter équivaut à rejeter la démocratie.
Pourtant, le contexte reste explosif. Des explosions, frappes aériennes et attaques à la roquette ont été signalées dimanche dans plusieurs régions, faisant des victimes civiles, notamment près de la frontière thaïlandaise. La guerre civile oppose toujours l’armée à des groupes ethniques armés et forces de résistance pro-démocratie, avec des millions de déplacés et des zones entières exclues du vote (65 municipalités annulées sur 330).
Le parti d’Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), vainqueur écrasant en 2020, reste dissous, et sa leader emprisonnée. Une quarantaine de partis ont été interdits, laissant le terrain aux formations alliées à l’armée, comme l’USDP, favori pour dominer le Parlement. Plus de 200 personnes ont été inculpées pour avoir critiqué ou perturbé le scrutin, sous une loi draconienne prévoyant jusqu’à la peine de mort.
Le rapporteur spécial de l’ONU, Tom Andrews, a appelé à rejeter ce « théâtre de l’absurde », organisé sous la menace des armes. Des observateurs de pays alliés comme la Chine et la Russie étaient présents, mais les Occidentaux et l’ASEAN ont critiqué l’absence d’inclusivité.
Les résultats finaux ne sont attendus qu’en février 2026. Beaucoup craignent que ce vote, loin d’apporter la paix promise par la junte, ne prolonge un conflit dévastateur dans un pays fracturé, où la répression et les combats continuent de faire rage.



























