Les prix du pétrole ont affiché un rebond modéré jeudi 13 novembre 2025, après la forte baisse de la veille, les investisseurs pesant le poids d’une offre mondiale abondante face aux sanctions américaines récemment imposées contre les géants russes Rosneft et Lukoil. Bien que ces mesures géopolitiques offrent un soutien potentiel à court terme, les prévisions d’excédents structurels dominent les perspectives du marché, avec une accumulation généralisée des stocks et une production en hausse rapide.
Dans les échanges du matin, le baril de West Texas Intermediate (WTI) pour livraison en décembre a terminé à 58,44 dollars, accusant une très légère baisse de 0,08 % après la dégringolade de près de 4 % enregistrée mercredi.
Le Brent de la mer du Nord a, lui, mieux résisté : il a rebondi de 0,67 % pour s’établir à 63,13 dollars le baril, récupérant une partie des 3,8 % perdus la veille.
Ce rebond technique masque mal les incertitudes profondes. « Les prix du pétrole pourraient trouver un plancher autour de 60 dollars le baril, soutenu par le risque de perturbations des exportations russes dues à des sanctions plus strictes », estime Suvro Sarkar, responsable énergie chez DBS Bank. Les sanctions américaines, annoncées fin octobre par le Trésor américain, visent à forcer le Kremlin à engager des négociations de paix en Ukraine. Elles gèlent les actifs de Rosneft et Lukoil aux États-Unis et interdisent toute transaction avec ces entreprises, deux des plus grands producteurs russes représentant près de la moitié des exportations de brut du pays. Bien que les sanctions n’entrent pleinement en vigueur qu’après le 21 novembre, elles ont déjà ralenti certains flux, avec des annulations de cargaisons signalées par des acheteurs comme Sinopec et PetroChina en Chine.
Cependant, cette tension géopolitique est éclipsée par des signaux de surabondance. Les investisseurs scrutent les données de stocks et les prévisions des grandes agences, qui convergent vers un excédent persistant.
Les données préliminaires de l’American Petroleum Institute (API) pour la semaine se terminant le 7 novembre indiquaient une hausse de 1,3 million de barils des stocks américains de brut, confirmant un déséquilibre offre-demande. L’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA) a publié ses chiffres officiels jeudi matin, révélant une augmentation plus marquée de 6,4 millions de barils, portant les réserves à 427,6 millions de barils – bien au-delà des attentes des analystes d’une hausse de 1,96 million de barils. « Ces accumulations généralisées exercent une pression mécanique à la baisse sur les cours », note Giovanni Staunovo, analyste chez UBS.
L’EIA prévoit dans ses Perspectives énergétiques à court terme une production pétrolière américaine record en 2025, dépassant les estimations antérieures, avec des stocks mondiaux en croissance continue jusqu’en 2026, la production augmentant plus vite que la demande en carburants.


























