Beyrouth, 16 novembre 2025 – Deux jours après l’accusation de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) contre l’armée israélienne pour violation de la souveraineté libanaise, le Liban a franchi une étape diplomatique majeure en déposant une plainte urgente auprès du Conseil de sécurité de l’ONU. Cette affaire, centrée sur la construction présumée d’un mur de béton franchissant la Ligne bleue – la démarcation frontalière tracée par l’ONU en 2000. Alors que Tsahal maintient son démenti tout en admettant des travaux de fortification, les autorités libanaises exigent une enquête internationale pour faire respecter la résolution 1701.
Dans un communiqué publié vendredi, la Finul a révélé avoir détecté, lors d’une étude géospatiale menée en octobre, un mur de béton érigé par les Forces de défense israéliennes (FDI) au sud-ouest du village de Yaroun, dans le sud du Liban. Ce mur, qui franchit la Ligne bleue sur plusieurs mètres, rendrait inaccessibles plus de 4 000 mètres carrés de terres agricoles et résidentielles aux habitants locaux. Les Casques bleus ont par ailleurs signalé, en novembre, la présence d’un second mur similaire dans la même région, aggravant les empiètements présumés. « Toute présence ou construction israélienne sur le territoire libanais constitue une atteinte à la souveraineté et à l’intégrité territoriale du Liban », a martelé la Finul, appelant à un retrait immédiat des forces israéliennes au nord de la Ligne bleue. Ces allégations s’appuient sur des relevés topographiques confirmant les franchissements, et soulignent une violation flagrante de la résolution 1701, qui interdit toute présence militaire non autorisée au sud du Litani.
L’armée israélienne a rejeté en bloc les allégations, affirmant n’avoir « construit aucun mur au nord de la Ligne bleue ». Un porte-parole des FDI a toutefois reconnu l’« intensification d’une barrière défensive initiée en 2022 », justifiée par des « besoins sécuritaires face aux menaces persistantes du Hezbollah ». « Depuis le début de la guerre à Gaza, nous avons mis en œuvre une série de mesures, y compris le renforcement de la barrière physique le long de la frontière nord, mais sans traverser la Ligne bleue », a-t-il précisé. Israël, qui critique régulièrement le mandat de la force onusienne – déployée depuis 1978 comme tampon avec environ 10 800 Casques bleus –, refuse de prolonger son expiration prévue en décembre 2026, une position partagée par Washington. Cette barrière, débutée en 2012 sur d’autres segments frontaliers, s’inscrit dans un contexte de tensions accrues depuis l’attaque du Hamas le 7 octobre 2023, qui a entraîné l’ouverture d’un front nord par le Hezbollah en septembre 2024, avant un cessez-le-feu en novembre.
Le bureau du président libanais Joseph Aoun a annoncé le dépôt de la plainte urgente au Conseil de sécurité de l’ONU, accompagnée de rapports onusiens contredisant le démenti israélien. « Israël a construit un mur en béton à la frontière sud du Liban en dépassant la Ligne bleue, empêchant l’accès à plus de 4 000 m² de territoire libanais », stipule le document, qui exige une enquête immédiate et des sanctions potentielles. Beyrouth, soutenu par des voix internationales comme celle du député français Arnaud Le Gall (LFI, Val-d’Oise), accuse Israël de saper délibérément la trêve et appelle la communauté internationale, dont la France – contributrice majeure à la Finul –, à imposer le respect des engagements. L’armée libanaise, de son côté, a demandé la formation d’une commission d’enquête mixte pour un nouveau relevé de terrain, tandis que les hostilités résiduelles persistent malgré le cessez-le-feu : Israël occupe encore cinq points stratégiques au sud-Liban, et des incidents sporadiques rappellent la précarité de la zone démilitarisée.


























