Les prix du pétrole ont reculé pour la troisième séance consécutive ce vendredi, tandis que les efforts diplomatiques des États-Unis pour rapprocher Kiev et Moscou laissent entrevoir la possibilité d’un accord de paix. Une telle issue réduirait la prime géopolitique qui soutenait jusqu’ici les cours du brut, tout en ouvrant la voie à une réintégration progressive du pétrole russe sur les marchés internationaux.
Le Brent est ainsi retombé à 62,50 dollars (-1,36 %), sous le seuil des 63 dollars, tandis que le WTI s’est replié à 58,70 dollars (-1,56 %). L’ensemble survient dans un climat économique déjà fragilisé par les doutes persistants sur d’éventuelles baisses de taux de la Réserve fédérale, qui réduisent l’appétit pour le risque des investisseurs.
Ce mouvement baissier s’inscrit dans le contexte de la décision de Volodymyr Zelenskyy d’examiner le plan de paix en 28 points proposé par Donald Trump, initiative qui a dominé l’actualité énergétique de la semaine.
Parallèlement à ces avancées diplomatiques, Washington a renforcé la pression sur la Russie. Les États-Unis ont ciblé de nouvelles filiales de Rosneft et de Lukoil, visant explicitement à réduire les revenus pétroliers du Kremlin.
Dans le même temps, l’Iran se retrouve une nouvelle fois dans le viseur de Washington : six pétroliers supplémentaires ont été ajoutés à la liste noire de l’OFAC, tandis que plusieurs sociétés de négoce basées en Inde et aux Émirats arabes unis ont été sanctionnées. L’ensemble de ces mesures alimente une incertitude croissante autour des flux mondiaux d’hydrocarbures, déjà fragilisés par un raffinage en surchauffe et des infrastructures sous pression.
En Amérique latine, le Venezuela essuie un deuxième incident majeur en un mois : une explosion suivie d’un incendie sur l’upgrader Petrocedeno a fait chuter la production d’environ 30 000 barils par jour.
À l’inverse, Curaçao, île des Caraïbes autonome au sein du Royaume des Pays-Bas, tente de relancer la raffinerie Isla (335 000 b/j), fermée depuis 2024 et longtemps alimentée par le pétrole vénézuélien. La capitale Willemstad abrite ce site stratégique, pivot de la logistique pétrolière caribéenne. Pour redémarrer l’infrastructure, le gouvernement a déposé une demande officielle auprès de l’OFAC, malgré une dette colossale de 450 millions de dollars toujours en suspens, illustrant l’urgence économique et le pari politique que représente cette relance.
En Afrique australe, les signaux sont positifs : ExxonMobil vient de lever la force majeure sur le projet Rovuma LNG, un mois après TotalEnergies. L’amélioration sécuritaire dans la province de Cabo Delgado pourrait permettre une décision finale d’investissement d’ici mi-2026, pour une capacité potentielle de 18 Mt/an.
L’Égypte, en revanche, fait face à une tension aiguë : EGAS recherche en urgence quatre cargaisons de GNL pour compenser la réduction des flux en provenance du gisement israélien Leviathan, actuellement en maintenance.
En Asie, la Chine consolide son rôle clé sur le marché pétrolier mondial. Pékin a octroyé 10 millions de tonnes supplémentaires de quotas d’importation aux raffineries indépendantes du Shandong, portant leurs autorisations annuelles à 257 millions de tonnes.
Le brut décroche sous l’effet d’un possible accord de paix en Ukraine, mais les sanctions élargies contre la Russie et l’Iran, les incidents industriels, la pression sur les infrastructures et les tensions dans le GNL continuent de fragiliser un équilibre énergétique mondial déjà sous haute tension.


























