Les cours du pétrole ont cédé du terrain mercredi, plombés par une accumulation marquée des stocks américains de brut et par la montée d’un sentiment généralisé de sur-offre sur les marchés mondiaux, sous l’effet combiné d’un apaisement des tensions géopolitiques et d’une forte hausse des stocks de produits raffinés aux États-Unis, selon plusieurs sources de marché.
Dans un marché déjà fragilisé par un excédent d’offre persistant, la séance de mercredi a marqué un véritable tournant. Les contrats à terme sur le Brent et le WTI ont reculé de plus de 2 %, effaçant en quelques heures les gains accumulés ces dernières semaines grâce à une prime de risque géopolitique désormais en train de s’éroder. Deux éléments ont convergé pour provoquer cette chute : une percée diplomatique inattendue dans le dossier ukrainien et une nouvelle accumulation des stocks américains, confirmée par les données préliminaires de l’American Petroleum Institute (API).
Les efforts diplomatiques américains pour sortir du conflit russo-ukrainien se sont accélérés ces derniers jours. Washington a élaboré un « document-cadre » de sortie de crise impliquant des concessions territoriales de Kyiv et une réduction des capacités militaires ukrainiennes. Selon des sources proches des discussions, l’administration Trump, via son envoyé spécial Steve Witkoff, a travaillé en secret avec Moscou à un plan en vingt-huit points couvrant la paix en Ukraine, les garanties sécuritaires européennes et les futures relations bilatérales entre les États-Unis et la Russie.
Mercredi, l’arrivée à Kyiv du secrétaire à l’Armée Daniel Driscoll pour rencontrer le président Volodymyr Zelensky a illustré la volonté américaine de relancer les pourparlers, gelés depuis l’été. Sans réaction officielle du Kremlin, ces signaux d’apaisement ont néanmoins suffi à faire fondre la prime de risque – estimée entre 4 et 7 dollars par baril depuis plusieurs semaines.
Cette dynamique intervient alors même que Washington a durci fin octobre ses sanctions contre les géants pétroliers russes Rosneft et Lukoil, imposant la fin des relations commerciales au 21 novembre. Ces mesures ont poussé des acheteurs asiatiques, notamment la Chine et l’Inde, à réorienter leurs importations, accentuant l’excédent mondial. Mais la perspective d’un arrêt des hostilités en Ukraine domine pour l’instant, reléguant ces tensions au second plan.
Le second facteur de la chute provient des États-Unis. Les données de l’API publiées mardi soir ont indiqué une hausse de 4,4 millions de barils des stocks de brut pour la semaine se terminant le 14 novembre, troisième augmentation consécutive. Les stocks d’essence ont progressé de 1,55 million de barils, tandis que ceux de distillats ont augmenté de 577 000 barils. Des chiffres nettement supérieurs aux attentes, confirmant une demande intérieure essoufflée et une offre largement excédentaire.
L’Agence internationale de l’énergie (AIE) comme l’OPEP anticipe désormais un surplus de 500 000 à 2 millions de barils par jour en 2026, porté par la production non-OPEP (États-Unis, Brésil) et par une consommation chinoise affaiblie par les maintenances de raffineries.


























