Les tensions entre Washington et Bogota atteignent un niveau inédit. Au cours du mois d’octobre 2025, le président américain Donald Trump a publiquement désigné son homologue colombien Gustavo Petro de « baron de la drogue » à deux reprises, en menaçant de prendre des mesures « très sévères » contre la Colombie et en suspendant toute aide américaine.
Le 2 décembre 2025, lors d’une réunion de cabinet à la Maison-Blanche retransmise en direct, Trump a de nouveau pointé du doigt la Colombie, affirmant que des laboratoires clandestins fabriquaient de la cocaïne et exportaient la drogue vers les États-Unis à une échelle jamais vue. « Tout pays qui fait du trafic de drogue vers notre pays s’expose à des attaques », a-t-il averti, renforçant ainsi un ton déjà belliqueux. Il a ajouté que les États-Unis « n’hésiteront pas à utiliser tous les moyens nécessaires – aériens, maritimes, et si besoin terrestres – pour protéger le peuple américain de ce poison ». Ces mots, prononcés devant le secrétaire à la Défense Pete Hegseth et le nouveau directeur de la DEA, ont immédiatement été interprétés comme une menace directe d’intervention militaire unilatérale sur le sol colombien.
Face à ces menaces répétées, Gustavo Petro a riposté le soir même sur le réseau social X avec une série de messages d’une rare fermeté. Le président colombien a écrit textuellement :
« Monsieur Trump, la violation de notre souveraineté est une déclaration de guerre. Attaquer notre pays, c’est rompre deux siècles de relations diplomatiques entre la Colombie et les États-Unis. Nous ne sommes pas le Venezuela, nous ne sommes pas Cuba, nous sommes une démocratie souveraine. Si vous franchissez cette ligne rouge, vous réveillerez le jaguar endormi. »
Dans un second message, il a ironisé : « Vous m’accusez de protéger les narcos ? Venez donc avec moi sur le terrain. Tous les jours, mes forces détruisent en moyenne neuf laboratoires de cocaïne. Depuis mon arrivée au pouvoir, 18 400 installations illégales ont été démantelées sans un seul missile américain. Je vous invite personnellement, monsieur le Président : accompagnez-moi dans la jungle, vous verrez comment on combat vraiment la drogue. »
La Colombie, longtemps considérée comme un allié stratégique des États-Unis dans la lutte contre le narcotrafic, se retrouve désormais confrontée à une escalade verbale sans précédent. Les observateurs s’inquiètent de l’absence de réaction des autres puissances internationales : ni l’Union européenne, ni le Brésil de Lula, ni le Mexique, ni même la Chine – pourtant très active dans la région – n’ont publiquement pris position. Ce silence assourdissant pourrait être perçu à Washington comme un feu vert implicite à une politique de la canonnière modernisée.
La Colombie reste le premier producteur mondial de cocaïne : selon le rapport 2025 de l’ONUDC, elle concentre 68 % des cultures de coca de la planète et fournit environ 84 % de la cocaïne consommée aux États-Unis. Pourtant, les chiffres officiels du ministère de la Défense colombien montrent une augmentation des saisies (+27 % en 2024-2025) et des destructions de laboratoires sous l’administration Petro, malgré la fin des fumigations chimiques. Le président défend une stratégie de substitution progressive des cultures et de persécution des gros blanchisseurs et exportateurs, qu’il accuse d’être souvent protégés par des secteurs de l’élite traditionnelle colombienne.
Alors que la situation reste incertaine, la Colombie maintient sa position officielle sans ambiguïté : toute atteinte à sa souveraineté – qu’il s’agisse de frappes aériennes sur des laboratoires, d’opérations spéciales sur son territoire ou d’un blocus naval – sera considérée comme une déclaration de guerre formelle. Le ministère des Affaires étrangères a déjà convoqué l’ambassadeur américain à Bogota à deux reprises en moins d’un mois, et le Congrès colombien, toutes tendances confondues, a adopté une motion unanime de défense de la souveraineté nationale.
À l’heure actuelle, aucun canal de désescalade n’a été activé publiquement. Le secrétaire d’État américain Mike Waltz a seulement déclaré que « toutes les options restent sur la table ». De son côté, Petro a annoncé qu’il porterait l’affaire devant l’Assemblée générale des Nations unies et l’Organisation des États américains dès janvier 2026 si les menaces persistaient.


























