Mercredi 12 mars 2025, les prix du pétrole ont marqué une progression significative lors des échanges sur les marchés asiatiques. Le Brent, référence internationale, a gagné 51 cents (+0,7 %) pour s’établir à 70,7 dollars le baril, tandis que le West Texas Intermediate (WTI) américain a augmenté de 52 cents (+0,8 %) pour atteindre 66,77 dollars. Cette hausse s’explique principalement par un affaiblissement marqué du dollar, qui a atteint son plus bas niveau depuis le début de l’année 2025. Un dollar plus faible réduit le coût relatif du pétrole pour les détenteurs d’autres devises, stimulant ainsi la demande à court terme.
Ce lien entre la valeur du dollar et les prix du pétrole n’est pas nouveau. Historiquement, les deux variables évoluent en sens inverse : une dépréciation de 1 % du dollar peut entraîner une hausse de 0,5 à 1 % des cours du brut, selon les conditions de marché. En mars 2025, cette corrélation semble se confirmer, bien que d’autres facteurs viennent compliquer l’équation.
Malgré cette embellie, la progression des prix reste freinée par un environnement économique incertain. Aux États-Unis, les marchés financiers ont récemment accusé des pertes importantes, alimentées par une chute de la confiance des consommateurs et des craintes de récession. Les politiques protectionnistes de l’administration Trump, notamment les droits de douane imposés ou différés sur le Canada, le Mexique et la Chine, continuent de peser sur le commerce mondial. Ces tensions pourraient réduire la demande globale de pétrole, en particulier dans les secteurs industriels et manufacturiers fortement dépendants des échanges internationaux.
Daniel Haynes, stratégiste chez ANZ Banking Group, reste optimiste : « Le pétrole bénéficie encore d’une demande robuste à court terme, malgré un contexte économique affaibli. » Cependant, Priyanka Sachdeva, analyste chez Philip Nuova, met en garde contre une possible correction : « Si le ralentissement économique s’accélère, notamment aux États-Unis et en Chine, la stabilité actuelle des prix pourrait voler en éclats. »
Du côté de l’offre, la situation est tout aussi complexe. Selon l’Agence américaine d’information sur l’énergie (EIA), la production de brut aux États-Unis devrait atteindre un record de 13,61 millions de barils par jour en 2025, dopée par l’exploitation des gisements de schiste dans des régions comme le bassin permien. Cette abondance pourrait exercer une pression baissière sur les prix si la demande mondiale ne suit pas le rythme.
Parallèlement, l’OPEP+ joue un rôle clé dans la régulation de l’offre. Les investisseurs attendent avec impatience les discussions prévues en avril sur une éventuelle augmentation de la production. Une décision d’ouvrir davantage les vannes pourrait compenser la hausse actuelle des prix, mais les pays membres, notamment l’Arabie saoudite et la Russie, devront peser leurs intérêts budgétaires face à la nécessité de maintenir des cours stables.
Les marchés sont suspendus à plusieurs indicateurs clés qui pourraient redéfinir la trajectoire des prix du pétrole. Tout d’abord, les chiffres de l’inflation américaine, publiés ce mercredi, seront scrutés de près. Une inflation élevée pourrait pousser la Réserve fédérale (Fed) à relever ses taux d’intérêt plus rapidement que prévu, renforçant le dollar et freinant la demande de pétrole. À l’inverse, une inflation modérée pourrait maintenir la pression à la baisse sur le billet vert, soutenant les cours du brut.
Ensuite, les stocks de pétrole américains restent un baromètre essentiel. L’American Petroleum Institute (API) a rapporté une augmentation de 4,2 millions de barils pour la semaine terminée le 7 mars, un chiffre qui, s’il est confirmé par les données officielles de l’EIA mercredi soir, pourrait signaler un surplus d’offre et peser sur les prix à court terme.