La province instable du Baloutchistan, au sud-ouest du Pakistan, a de nouveau été secouée par une attaque d’ampleur. Mardi, des séparatistes de l’Armée de libération du Baloutchistan (BLA) ont intercepté le Jaffar Express , un train transportant plus de 450 passagers , forçant le convoi à s’arrêter dans une zone montagneuse près de Sibi . L’attaque, minutieusement planifiée, a déclenché une opération militaire majeure des forces pakistanaises, qui tente encore de libérer tous les otages.
Dès les premières heures de la prise d’otages, l’armée pakistanaise et les forces de sécurité ont lancé une intervention d’envergure pour tenter de récupérer le train et libérer les passagers. 155 otages ont pu être secourus après plusieurs heures d’affrontements. Parmi eux, on compte 43 hommes, 26 femmes et 11 enfants .
Cependant, l’attaque a fait plusieurs victimes. Un policier, un soldat et le conducteur du train ont été tués lors de l’assaut initial. Les échanges de tirs entre les forces de sécurité et les assaillants ont été particulièrement violents, aboutissant à la mort de 27 séparatistes et plusieurs blessés dans les rangs des forces pakistanaises.
Selon des sources sécuritaires, les séparatistes de la BLA ont utilisé les otages, notamment les femmes et les enfants, comme boucliers humains pour ralentir l’intervention militaire. « Nous progressons prudemment pour éviter des pertes civiles », a déclaré un porte-parole de l’armée, ajoutant que les efforts pour sécuriser l’ensemble des passagers se maintiendront.
Les assaillants auraient également piégé la voie ferrée avec des explosifs , compliquant l’opération des forces de l’ordre. Un haut fonctionnaire de Sibi a précisé que le train était bloqué à l’entrée d’un tunnel entouré de montagnes , rendant toute intervention délicate.
Cette attaque s’inscrit dans une longue série de violences dans la région. Le Baloutchistan , riche en hydrocarbures et en minéraux, est depuis des décennies un théâtre d’insurrections séparatistes. La BLA, qui revendique une plus grande autonomie voire l’indépendance de la région , accuse Islamabad d’exploiter les ressources locales sans en faire bénéficier la population.
Le groupe a déjà mené de nombreuses attaques meurtrières contre l’armée, la police et les civils originaires d’autres provinces, notamment les Pendjabis , perçues comme des « occupants ». En août dernier, les séparatistes avaient abattu 39 personnes après avoir contrôlé les cartes d’identité des voyageurs sur les routes. Début novembre, une bombe placée sur un quai de la gare de Quetta avait fait 26 morts , dont 14 soldats .
L’attaque du Jaffar Express s’inscrit dans un contexte sécuritaire alarmant . Selon le Centre pour la recherche et les études sur la sécurité d’Islamabad , l’année 2024 a été la plus meurtrière depuis près d’une décennie, avec plus de 1 600 personnes tuées , dont 685 membres des forces de sécurité .
Alors que l’armée pakistanaise poursuit son opération pour libérer les derniers otages, le gouvernement d’Islamabad a promis une réponse ferme contre les séparatistes. « Les assaillants qui ont tiré sur des innocents ne méritent aucune clémence », a déclaré le ministre de l’Intérieur.