Un scandaleux effondrement partiel de la chaussée a plongé la station balnéaire « Beau Séjour » d’Aïn El Türck dans le chaos, ce lundi matin vers 6h00, semant la panique parmi des riverains excédés par l’incompétence ambiante. Ce désastre, survenu à deux pas d’un chantier immobilier pharaonique de 10 hectares, n’est que la énième preuve d’une gestion urbaine calamiteuse. La catastrophe, qui a englouti une Fiat 500 dans un cratère béant, aurait pu tourner au drame si le conducteur, par un pur hasard, n’avait pas été en prière dans la mosquée voisine – elle-même miraculeusement épargnée, bien que ses fondations aient frôlé l’anéantissement.
Le wali d’Oran, M. Chibani Samir, a daigné se déplacer, flanqué de son cortège d’apparatchiks et des autorités locales, dans une mise en scène d’urgence qui peine à masquer l’impréparation chronique. Quelques mesures cosmétiques ont été décrétées : un périmètre de sécurité bancal, une coupure de gaz à l’arrache pour éviter une explosion qui aurait achevé de ridiculiser les responsables, et une enquête promise en grande pompe, mais dont on doute déjà qu’elle aboutisse à autre chose qu’un rapport enterré sous la poussière bureaucratique. Le wali, dans un sursaut d’autorité théâtrale, a exigé un « dossier technique complet », comme si cela pouvait effacer des mois de négligence.
Le fiasco porte un nom : « Vista Mar », un projet immobilier prétentieux de 14 étages, avec parking souterrain et boutiques clinquantes, porté par le groupe « Ben Melissa Promotion ». Ce chantier, déjà stoppé à plusieurs reprises pour des problèmes lors des fondations et du coulage de béton, empeste l’amateurisme. Les premières hypothèses pointent un ruissellement d’eaux souterraines, aggravé par un sol mal étudié – un comble pour un site à 50 mètres de la mer ! L’étude hydrogéologique, si tant est qu’elle ait existé, semble avoir été bâclée, sinon falsifiée, pour permettre à ce projet mégalomane de voir le jour malgré les alertes répétées.
Car les citoyens d’Aïn El Türck, eux, n’ont pas attendu ce désastre pour tirer la sonnette d’alarme. Dès le lancement, la société civile a dénoncé ce projet aberrant, implanté à l’embouchure d’un oued naturel, un exutoire vital pour les eaux pluviales. Mais qui a écouté ? Personne. Les décideurs, sourds aux protestations, ont validé ce monstre urbanistique sans égard pour les spécificités géographiques du site, pourtant criantes. Résultat : un affaissement qui menace désormais les habitations environnantes et met en péril la sécurité de tous.
Pire encore, les experts, s’ils daignent enfin se pencher sur le dossier, devront répondre à une question brûlante : comment un projet aussi mal ficelé a-t-il pu être autorisé ? La mosquée, dont les fondations ont tenu par miracle, aurait pu s’effondrer, transformant ce scandale en tragédie nationale. Les mesures d’urgence, vantées par les autorités, ne sont qu’un pansement sur une plaie béante : les maisons du quartier, potentiellement fragilisées, attendent des expertises qui, si elles sont menées avec la même rigueur que le suivi du chantier, risquent de n’être qu’une farce. La vigilance prônée par les autorités ressemble davantage à une prière pour que le prochain drame tarde à survenir.
Ce fiasco, symptomatique d’une gouvernance à la dérive, laisse une question en suspens : combien de catastrophes faudra-t-il encore pour que les responsables cessent de jouer avec la vie des citoyens ? Aïn El Türck, sous le choc, attend des réponses. Mais à ce rythme, elle risque surtout de nouveaux effondrements.
