C’est un véritable fiasco qui se joue sous nos yeux : l’Agence algérienne de promotion de l’investissement (AAPI), dans un sursaut désespéré face à l’apathie généralisée, a décidé de s’attaquer au scandale des assiettes foncières laissées à l’abandon par des investisseurs fantomatiques. Malgré une pluie de relances et de mises en demeure, ces prétendus porteurs de projets, visiblement plus doués pour monopoliser des terrains que pour les exploiter, n’ont pas daigné répondre. Un silence assourdissant qui trahit leur totale incapacité à passer à l’action, bloquant des hectares de foncier industriel dans une léthargie indécente.
Dans un communiqué publié hier, l’AAPI, exaspérée par ce mépris, a annoncé le lancement d’une purge sans pitié : les décisions d’attribution provisoires de terres, octroyées à ces investisseurs indolents, sont désormais dans le viseur. Leur annulation est en marche, conformément à la loi 22-18 sur l’investissement, dans une tentative tardive de remettre un peu d’ordre dans ce capharnaüm. Car, pendant que ces terrains dorment, l’économie algérienne, elle, s’asphyxie, privée de projets concrets qui pourraient lui donner un souffle vital. L’AAPI, dans un élan de lucidité rare, semble enfin comprendre que laisser des ressources foncières aux mains de spéculateurs inactifs est une aberration.
Le constat est accablant : malgré des relances répétées et des mises en demeure envoyées à tour de bras, les investisseurs concernés ont fait la sourde oreille, prouvant, s’il en était besoin, que leurs projets n’étaient que des chimères. L’AAPI, dans une ultime tentative de sauver les meubles, somme les retardataires de se réveiller et de finaliser leurs enregistrements via la plateforme numérique de l’investisseur, dans un délai dérisoire de huit jours. Passé ce sursis, leurs précieuses attributions seront révoquées et redistribuées à des porteurs de projets soi-disant plus sérieux – encore faut-il qu’ils existent.
Cette initiative, bien que salutaire, arrive comme un pansement sur une fracture ouverte. Pourquoi a-t-il fallu attendre si longtemps pour sévir ? L’AAPI, en se drapant dans des références juridiques, tente de faire oublier son laxisme passé, qui a permis à des opportunistes de squatter des terrains stratégiques sans rien produire. Les observateurs, eux, oscillent entre consternation et cynisme : cette « mise en garde légitime » ne fait que souligner l’ampleur du désastre. En libérant ces assiettes foncières, l’AAPI espère redonner un semblant de dynamisme à l’investissement en Algérie. Mais ce grand ménage, aussi nécessaire soit-il, ne suffira pas à effacer l’image d’une gestion chaotique, où l’inaction des uns et l’impuissance des autres freinent l’élan économique du pays.
