Hier, l’aéroport international d’Alger Houari Boumediène a été le théâtre d’un retour poussif des premiers pèlerins algériens, marquant le début d’une opération de rapatriement qui, malgré les fanfaronnades officielles, s’annonce déjà comme un exercice de façade. Les 271 premiers hadjis, suivis de 732 autres, ont atterri dans un désordre à peine masqué, alors que le ministère des Affaires religieuses et des Wakfs, en tandem avec l’Office national du pèlerinage et de la Omra (ONPO), claironne avoir mobilisé des « ressources humaines et matérielles » sous les ordres prétendument éclairés du président de la République. Pourtant, ce barnum logistique, censé durer jusqu’au 3 juillet 2025 et couvrir 12 aéroports, semble davantage conçu pour éviter un fiasco total que pour garantir un réel confort aux pèlerins, épuisés par leur périple.
Pendant ce temps, à La Mecque, le ministre Youcef Belmehdi s’est offert une visite d’inspection à la clinique centrale de la mission algérienne, un déplacement qui sent plus la mise en scène médiatique que l’engagement sincère. Accompagné d’une ribambelle de hauts fonctionnaires – Tahar Braik, Dahmane Mahmoud, Youcef Baroud –, il a paradé dans les couloirs, distribuant des éloges creux au personnel médical, dont l’abnégation mérite mieux que ces congratulations opportunistes. Le ministre a eu le culot de vanter des « efforts louables » tout en exigeant qu’ils se prolongent jusqu’au départ du dernier pèlerin, comme si le dévouement des soignants devait compenser les lacunes d’une organisation bancale.
Et que dire de cette auto-célébration grotesque autour du Prix d’or « Labeitom », remporté pour la deuxième année consécutive à La Mecque ? Décerné par le ministère saoudien du Hadj, ce trophée, brandi comme un étendard par Belmehdi lors d’une cérémonie grandiloquente, n’est qu’un miroir aux alouettes. Le ministre, dans une déclaration à l’APS, n’a pas hésité à s’attribuer cette « distinction », fruit, selon lui, d’une « coordination rigoureuse ». Mais de qui se moque-t-on ? Cette récompense, loin de refléter une réelle excellence, semble plutôt récompenser la capacité des autorités algériennes à polir leur image à l’international, tandis que sur le terrain, les pèlerins affrontent une logistique approximative et des conditions souvent indignes.
La coordination tant vantée entre les secteurs impliqués, à l’intérieur comme à l’extérieur du pays, ressemble à un vœu pieux face à la réalité d’un retour mal orchestré, où le spectre de la surpopulation plane toujours. Le soutien des « hautes autorités » invoqué par Belmehdi ne saurait masquer l’improvisation chronique qui caractérise la gestion du Hadj algérien. Pendant que les officiels se gargarisent de médailles, les pèlerins, eux, subissent les aléas d’une organisation qui privilégie l’autosatisfaction aux besoins concrets des fidèles. Ce retour, censé être un moment de recueillement et de sérénité, risque de n’être qu’une nouvelle épreuve dans un parcours déjà semé d’embûches.
