Les prix du pétrole ont connu une légère hausse éphémère dans la nuit de mercredi à jeudi suite à l’annonce de la saisie par les États-Unis d’un pétrolier vénézuélien sanctionné, mais ils reculent ce jeudi matin, plombés par des craintes persistantes de surabondance mondiale et les avancées dans les négociations de paix entre la Russie et l’Ukraine. Cette opération militaire américaine, confirmée par le président Donald Trump, marque une escalade des tensions avec le régime de Nicolás Maduro, sans pour autant perturber fondamentalement l’équilibre offre-demande à court terme.
Le président Trump a déclaré mercredi à la Maison Blanche : « Nous venons de saisir un pétrolier au large du Venezuela, un grand pétrolier, très grand, le plus grand jamais saisi. D’autres choses se passent. » L’opération, menée par le FBI, les enquêtes de la Homeland Security et la Garde côtière américaine avec le soutien du Département de la Défense, a visé le Skipper, un supertanker panaméen (anciennement Adisa), sanctionné depuis 2022 pour son rôle présumé dans un réseau d’exportations illicites de pétrole vénézuélien et iranien lié au Hezbollah et aux Gardiens de la Révolution iraniens. Le navire, long de 333 mètres et âgé de 20 ans, transportait environ 1,8 million de barils de brut lourd Merey, chargé au port de José entre le 4 et le 5 décembre. Il avait déjà transféré 200 000 barils à un autre tanker, le Neptune 6, destiné à Cuba, avant d’être intercepté en eaux internationales au large des Caraïbes, près des eaux territoriales vénézuéliennes. Une vidéo diffusée par la procureure générale Pam Bondi montre des agents descendant en rappel d’un hélicoptère sur le pont du navire.
Le gouvernement vénézuélien a condamné l’action comme un « vol éhonté et un acte de piraterie internationale », affirmant que cela révèle les « véritables motifs » des sanctions américaines : s’approprier les ressources pétrolières du pays.
En temps normal, une telle opération géopolitique aurait propulsé les prix, mais le marché reste dominé par une offre abondante. Les cours ont grimpé de plus de 1 % mercredi soir (Brent à 62,65 $ et WTI à 58,95 $), mais ils ont reflué jeudi matin, avec le Brent en baisse de 0,5 % à environ 62,30 $ le baril (livraison février) vers 10h00 GMT, et le WTI perdant 0,6 % à 58,50 $ (livraison janvier). Arne Lohmann Rasmussen, analyste chez Global Risk Management, explique : « En temps normal, une telle nouvelle entraînerait une forte hausse. Cependant, le marché entre dans une période de surabondance prononcée. »
Le marché boursier amplifie la pression : la déception des résultats d’Oracle après la clôture mercredi ravive les craintes d’une bulle dans l’IA, entraînant une vente d’actifs risqués. De plus, les stocks mondiaux ont atteint leur plus haut en quatre ans en octobre, selon le rapport mensuel de l’Agence internationale de l’énergie (AIE) publié jeudi. L’AIE relève toutefois une amélioration des prévisions de demande pour 2026 (de +90 000 b/j à +860 000 b/j en glissement annuel), réduisant le déficit attendu, et note une baisse de l’offre en novembre, avec des exportations russes en chute de 420 000 b/j sous sanctions américaines. Aux États-Unis, les stocks de brut ont diminué de 1,812 million de barils pour la semaine au 8 décembre (plus du double des attentes), mais ceux d’essence et de distillats ont augmenté.
Les analystes comme Emril Jamil de LSEG estiment que l’escalade pourrait imposer une « forte volatilité » si elle se poursuit, mais sans perturbation immédiate des flux (Chevron maintient ses opérations normales au Venezuela). Les négociations sur l’Ukraine pourraient apaiser le risque géopolitique, tandis que la Fed a abaissé son taux de 25 points de base en décembre 2025, affaiblissant le dollar et soutenant potentiellement la demande de commodities. À court terme, le marché anticipe une pénurie relative due à la saisie, mais la surabondance globale domine.


























