Un groupe de combattants islamistes, liés à Al-Qaïda, a lancé des attaques armées contre des bases militaires françaises situées à Kidal, Menaka et Gao, dans le nord du Mali. Les trois offensives ont été menées en quelques heures, un rare exemple de raids coordonnés menés contre les forces internationales dans le pays africain.
Les bases ont été touchées par des « tirs indirects » et aucun décès ni blessé n’a été signalé, a indiqué Thomas Romiguier, porte-parole des forces françaises, qui comptent plus de 5 100 hommes répartis dans la région. Le seul dommage a été causé à une base des Nations Unies à Kidal, située à proximité de la base française, a précisé Romiguier.
Al-Qaïda a déclaré: « Les attaques de missiles moudjahidines, en soutien à l’islam et aux musulmans, ont visé les bases de l’armée des infidèles français. » Un témoin à Gao a rapporté que plusieurs roquettes avaient été lancées contre la base française vers 5h30 du matin. Le maire de Menaka, Nanout Kotia, a déclaré qu’il avait entendu parler des explosions, en provenance du camp militaire, à l’extérieur de la ville, mais ne pouvait pas fournir plus de détails.
Le 10 novembre, les forces françaises ont tué Bah ag Moussa, le chef militaire du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), commandant en chef d’un groupe armé lié à Al-Qaïda au Mali. On pense que l’homme a été le cerveau derrière de multiples attaques contre les forces maliennes et internationales. Moussa, également connu sous le nom de Ba Ag Moussa, était un ancien colonel de l’armée malienne et figurait sur la liste des terroristes américains. Il était considéré comme un bras droit d’Iyad Ag Ghali, le chef du groupe armé le plus important du Mali, Jama’at Nusrat al-Islam wal-Muslimin (JNIM). Le groupe a également attaqué à plusieurs reprises des soldats et des civils au Burkina Faso voisin.
Au Sahel, des milliers de soldats français sont stationnés depuis 2014 dans le cadre de l’opération Barkhane. Le président Emmanuel Macron a déclaré au cours de l’été que la France restructurerait la mission d’ici la fin de l’année. Selon des sources militaires, Paris souhaiterait retirer plusieurs centaines de soldats de son contingent actuel de 5 100 hommes. Cela ramènerait le pays à des niveaux d’engagement dédiés avant la réforme de janvier, lorsqu’un nombre croissant d’attaques a entraîné une augmentation de la présence des troupes françaises. Le ministère de la Défense a cependant refusé de commenter les plans de réduction des effectifs.
Les experts affirment que l’une des principales vulnérabilités exploitées par les combattants est l’incapacité de nombreux gouvernements centraux de la région à protéger et à approvisionner des territoires après une victoire militaire. Souvent, ils ne peuvent pas fournir protection, éducation et services de base, laissant les populations locales se débrouiller seules, même face à une éventuelle reprise des groupes armés.
Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), affilié à Al-Qaïda, a quant à lui profité de la concentration française sur l’ISGS pour renforcer ses forces. « Ils sont désormais l’ennemi le plus dangereux pour le Mali et les forces internationales », a déclaré Conruyt. Cinquante soldats français sont morts au Sahel depuis 2013, suscitant chez eux une réflexion sur le coût du conflit au Sahel. «Sept ans plus tard, la situation n’évolue pas favorablement sur le terrain, malgré nos grands succès tactiques», a souligné le député français Thomas Gassilloud, définissant le coût de l’opération comme «gros, trop gros».