Le président de la Guinée-Bissau a déclaré mardi qu’il avait survécu à des tirs nourris pendant cinq heures lors d’une tentative de coup d’État qui, selon lui, a tué ou blessé de nombreuses personnes dans ce pays instable d’Afrique de l’Ouest.
Umaro Sissoco Embalo a déclaré aux journalistes qu’il avait fait face à « des tirs soutenus d’armes lourdes pendant cinq heures » avec un conseiller militaire, un ministre et deux gardes du corps dans la capitale Bissau lors d’un complot visant à « tuer le président de la république et l’ensemble du cabinet ».
La Guinée-Bissau, sujette aux coups d’État, est aux prises avec une réputation de corruption et de trafic de drogue et le président y a fait allusion sans nommer les putschistes.
« Je vais bien, grâce à Dieu », avait déclaré Embalo sur Twitter plus tôt. « La situation est sous contrôle ».
Des personnes ont été vues fuyant la zone à la périphérie de Bissau, près de l’aéroport.Mais le président a déclaré plus tard à l’AFP lors d’un bref appel téléphonique : « Tout va bien ».
Selon divers récits, des hommes armés ont été vus entrant dans le palais du gouvernement qui abrite différents ministères.
Des coups de feu soutenus ont suivi pendant une grande partie de l’après-midi lorsque le complexe a été encerclé.
Une Française de 36 ans vivant à Bissau, Kadeejah Diop, a déclaré qu’elle s’était précipitée pour récupérer ses deux enfants à l’école et avait vu des troupes armées entrer dans le complexe gouvernemental.
Les troupes ont établi un périmètre de sécurité autour du palais et ont tenu les gens à l’écart.
Le bloc a averti qu’il « tenait l’armée responsable du bien-être » du président et des membres du gouvernement.
« Nous assistons à une terrible multiplication de coups d’État, et notre appel fort est que les soldats retournent dans les casernes et que l’ordre constitutionnel soit pleinement en place », a-t-il déclaré aux journalistes.
Embalo, un brigadier général de réserve de 49 ans et ancien Premier ministre, a pris ses fonctions en février 2020 après avoir remporté une élection qui a suivi quatre ans de luttes politiques sous le système semi-présidentiel du pays.
Son principal adversaire, le candidat du PAIGC Domingos Simoes Pereira, a âprement contesté le résultat mais Embalo s’est déclaré président sans attendre l’issue de sa requête à la Cour suprême.
Les troupes avaient offert des pots-de-vin à d’autres soldats « afin de renverser l’ordre constitutionnel établi », a déclaré le chef des forces armées, le général Biague Na Ntam, le 14 octobre.
Le littoral poreux et les liens culturels de la Guinée-Bissau en ont fait une étape importante sur la route du trafic vers l’Afrique. En 2019, près de deux tonnes de cocaïne ont été saisies.
L’instabilité croissante de la région devrait être discutée jeudi lors d’un sommet de la CEDEAO à Accra, au Ghana.