Les avocats de l’ex-dictateur guinéen Moussa Dadis Camara ont annoncé leur intention de faire appel après sa condamnation pour crimes contre l’humanité liée au massacre du 28 septembre 2009 en Guinée. Le tribunal a reconnu Dadis Camara, âgé de 59 ans, coupable mercredi et l’a condamné à 20 ans de prison à l’issue d’un procès historique.
Le jugement rendu par le tribunal de Conakry a suscité des réactions divergentes. Moussa Dadis Camara a été reconnu coupable de crimes contre l’humanité, mettant en évidence sa responsabilité hiérarchique dans la répression violente d’une manifestation d’opposition. Le tribunal a reproché à Camara non seulement d’avoir supervisé les violences mais aussi d’avoir échoué à punir les auteurs des atrocités. Cette décision, qui a également condamné d’autres accusés, dont l’ancien chef de la sécurité de Camara, Aboubacar Sidiki Diakité, alias « Toumba », constitue un tournant majeur dans la recherche de justice pour les victimes.
L’appel annoncé par la défense de Camara illustre l’atmosphère de contestation entourant ce procès. Les avocats de l’ex-dictateur qualifient le jugement de « iniquité », arguant que Camara n’a pas eu la possibilité de se défendre de manière adéquate sur les accusations portées contre lui. Envisageant de porter l’affaire devant la Cour de justice de la Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), cette décision pourrait prolonger le processus judiciaire et complexifier davantage la quête de justice.
Le verdict a provoqué des réactions variées à l’international. Le Bureau du Procureur de la Cour pénale internationale (CPI) a salué la décision comme un moment clé pour la vérité et la justice, tandis que l’ONU a réaffirmé son engagement à lutter contre l’impunité en Guinée, appelant à des efforts continus pour retrouver les disparus et tenir les responsables de violations des droits humains responsables.
La présidente de l’Association des victimes, parents et amis du 28 septembre (AVIPA), a exprimé une satisfaction prudente, soulignant que ce verdict marque le résultat d’une longue bataille pour la vérité et la justice. Toutefois, des défis subsistent, notamment en ce qui concerne la réparation des victimes et la prévention de futurs actes de violence.
Le verdict n’a pas manqué de susciter des critiques. Le chanteur Élie Kamano a accusé la junte actuelle d’utiliser le procès de Dadis Camara à des fins politiques, suggérant que l’affaire pourrait être exploitée pour renforcer la position du régime en place. Ces critiques mettent en lumière les tensions politiques locales et la complexité du contexte guinéen.