Les autorités turques ont arrêté Umit Ozdag, chef du Parti de la victoire (Parti Zafer, ZP), une formation politique d’extrême droite connue pour ses positions anti-immigration. Cette arrestation, survenue le 21 janvier 2025, fait suite à des accusations d’incitation à la haine et à la violence, ainsi qu’à des publications controversées sur les réseaux sociaux.
Umit Ozdag, une université de 63 ans reconvertie en politique, critique ouvertement la politique migratoire de la Turquie et milite activement pour le rapatriement des millions de réfugiés syriens vivant dans le pays. Il aurait été arrêté par la police en raison d’allégations selon lesquelles il aurait insulté le président Recep Tayyip Erdogan dans un discours récent, avant que le procureur général d’Istanbul n’ajoute des accusations d’ « incitation à la haine et à l « hostilité au sein de la population » .
Le bureau du procureur a également présenté 11 publications sur la plateforme sociale X (anciennement Twitter) comme preuves à l’appui des accusations. Ces publications ont alimenté des tensions sociales, notamment lors des émeutes anti-réfugiés dans la province de Kayseri l’année dernière, où des centaines de maisons et de commerces appartenant à des Syriens ont été ciblés.
L’arrestation d’Ozdag a provoqué des réactions immédiates dans le paysage politique turc. Ekrem Imamoglu, maire d’Istanbul et potentiel adversaire politique d’Erdogan aux prochaines élections, a déclaré cette décision comme une « ingérence politique dans le système judiciaire » . Imamoglu, lui-même confronté à des accusations judiciaires, a exprimé son soutien implicite à Ozdag en soulignant la nécessité de préserver la liberté d’expression dans un contexte de tensions politiques croissantes.
Le Parti Zafer a condamné l’arrestation de son leader, qualifiant les accusations d’ « tentative de museler une voix critique » . Mehmet Ali Sehirlioglu, porte-parole du parti, a été nommé chef par intérim, tandis qu’Ozdag a été transféré à la prison de Silivri, située dans la banlieue d’Istanbul.
La politique migratoire de la Turquie est devenue un sujet de division majeure, avec une forte montée du sentiment anti-réfugié au sein d’une partie de la population. Ozdag a capitalisé sur ces tensions en adoptant une rhétorique ouvertement hostile envers les réfugiés syriens. Cependant, cette approche a également contribué à polariser davantage la société turque et à exacerber les violences, comme en témoigne l’incident de Kayseri.
Parallèlement, le gouvernement d’Erdogan est concerné par sa gestion des opposants politiques. Cette arrestation s’inscrit dans un contexte où plusieurs figures de l’opposition, dont Imamoglu lui-même, font face à des procédures judiciaires perçues comme politiquement motivées.
L’arrestation d’Umit Ozdag pourrait avoir des répercussions importantes sur la scène politique turque. D’une part, elle pourrait renforcer le soutien populaire à son parti parmi ceux qui partagent ses opinions sur les réfugiés. D’autre part, elle illustre les tensions croissantes entre le gouvernement et les opposants politiques, dans un contexte de surveillance accumulée des discours publics et des médias sociaux.
Le sort d’Ozdag, ainsi que celui d’autres figures de l’opposition, pourraient influencer les dynamiques électorales et la perception internationale de la Turquie en matière de liberté d’expression et d’État de droit.