Le 9 mars 2025, la capitale roumaine, Bucarest, a été plongée dans une agitation intense suite à la décision de la Commission électorale centrale (BEC) d’exclure Călin Georgescu, candidat d’extrême droite et favori dans les sondages, de l’élection présidentielle prévue pour mai. Cette annonce a déclenché une vague de colère parmi ses partisans, qui sont descendus dans les rues par centaines, voire milliers, pour protester contre ce qu’ils perçoivent comme une attaque contre la démocratie.
La situation a rapidement dégénéré en affrontements avec les forces de l’ordre. Devant le siège du BEC, les manifestants ont scandé des slogans tels que « À bas la dictature ! » et « Roumanie, réveille-toi ! », tout en lançant des objets comme des bouteilles et des pétards. Les gendarmes ont riposté avec des gaz lacrymogènes pour disperser la foule, et au moins deux officiers auraient été blessés, l’un par un objet contondant. Certains témoignages sur X décrivent une atmosphère de chaos, avec des accusations d’infiltration d’agitateurs parmi les manifestants pacifiques, bien que ces allégations restent non vérifiées.
Georgescu, figure controversée et populiste pro-russe, avait déjà suscité des remous en remportant le premier tour de la présidentielle de novembre 2024, scrutin finalement annulé en décembre pour cause de soupçons d’ingérence russe, notamment via une campagne illicite sur TikTok. Inculpé fin février pour fausses déclarations et incitation à troubler l’ordre constitutionnel, il a dénoncé son exclusion comme un « coup direct porté à la démocratie mondiale », qualifiant l’Europe de « dictature » et la Roumanie de « tyrannie ». Ses partisans partagent cette rhétorique, estimant que leur vote leur a été volé une seconde fois.
Le climat est d’autant plus tendu que des figures internationales, comme Elon Musk et le vice-président américain J.D. Vance, ont apporté leur soutien à Georgescu, amplifiant la portée de la crise. Dans les rues de Bucarest, des banderoles appelant à l’aide Donald Trump ont même été déployées.
Ces soutiens internationaux ont des implications géopolitiques majeures. La Roumanie, membre de l’UE et de l’OTAN, est un acteur clé dans la région de la mer Noire, stratégiquement importante dans le contexte de la guerre en Ukraine. Les positions pro-russes de Georgescu, notamment son opposition aux sanctions contre Moscou et son discours anti-UE, inquiètent les chancelleries occidentales. Certains experts, comme l’analyste politique Andrei Popescu, estiment que la crise actuelle pourrait être exploitée par le Kremlin pour semer la discorde au sein de l’UE. Alors que Georgescu peut encore faire appel devant la Cour constitutionnelle, la Roumanie semble au bord d’une crise politique majeure, avec un peuple divisé et une capitale en ébullition.