Une enquête choc menée par RFI lève le voile sur une réalité dérangeante : la Confédération africaine de football (CAF) serait sous la coupe réglée de la FIFA. Entre ingérence, méthodes autoritaires et ambitions électorales, les témoignages d’anciens employés brossent le portrait d’une institution africaine phagocytée par les intérêts de Zurich.
L’ombre de la FIFA plane lourdement sur la CAF, et ce n’est pas une simple impression. Selon RFI, plusieurs ex-employés dénoncent une prise de contrôle totale orchestrée par Véron Mosengo-Omba, un secrétaire général imposé par la FIFA après l’élection de Patrice Motsepe en 2021. Un ancien haut cadre de la CAF n’y va pas par quatre chemins : il parle d’une « ingérence flagrante ». Illustration concrète ? La FIFA aurait placé une personne de confiance au cœur du département des finances de la CAF, avec un pouvoir de validation sur chaque facture. Une autre voix, celle d’une employée désabusée, va plus loin : « Des Suisses et des Italiens décidaient de l’avenir de la CAF, pas nous. »
Ce management à distance, dicté depuis le siège de la FIFA à Zurich, semble bien loin des aspirations d’autonomie du football africain. Le journaliste Mamadou Gaye apporte un éclairage supplémentaire : l’élection de Patrice Motsepe comme président de la CAF en 2021 aurait été minutieusement préparée par la FIFA à travers le « protocole de Rabat ». Objectif stratégique ? S’assurer un bloc de votes africains fidèle pour les élections à la présidence de la FIFA en 2023 et 2027. Une fois Motsepe en place, Véron Mosengo-Omba, ancien cadre de la FIFA, aurait été propulsé au poste de secrétaire général, devenant de facto le « président-bis » de la CAF, selon les termes de certains observateurs.
Sous la férule de Mosengo-Omba, l’ambiance au sein de la CAF est décrite comme irrespirable. « Toxique », « autoritaire », « oppressante » : les qualificatifs pleuvent dans les témoignages recueillis. Plusieurs cadres ont claqué la porte, certains au prix de leur santé mentale, évoquant des burn-out ou des dépressions. Des accusations de harcèlement et d’intimidation ont également émergé, sans que la direction ne semble s’en émouvoir.
Ce climat délétère contraste avec les succès sportifs récents de la CAF, notamment une Coupe d’Afrique des Nations saluée pour son organisation et son niveau de jeu. Mais à quel prix ? La question brûle les lèvres : la CAF peut-elle réellement prétendre à une indépendance face à cette emprise grandissante de la FIFA ?
Réélu le 12 mars 2025, Patrice Motsepe se trouve à la croisée des chemins. Peut-il enfin s’affranchir de l’influence de Gianni Infantino et de ses lieutenants ? Certains murmurent qu’un départ de Mosengo-Omba pourrait être envisagé, signe d’une volonté de reprendre la main. D’autres, plus sceptiques, affirment que le secrétaire général restera solidement ancré à son poste, garantissant la continuité du contrôle de la FIFA.
Entre ambitions personnelles et pressions internationales, Motsepe devra trancher. Une chose est sûre : malgré des avancées sur le terrain, l’avenir institutionnel de la CAF reste suspendu à un fil, entre quête d’émancipation et tutelle oppressante.