Le Premier ministre mongol Luvsannamsrain Oyun-Erdene a été contraint de démissionner mardi 3 juin 2025, après avoir perdu un vote de confiance crucial au Parlement national, emporté par un scandale de corruption qui a embrasé la capitale, Oulan-Bator. Ce revers politique majeur survient dans un contexte de contestation populaire intense, où des semaines de manifestations ont réclamé son départ, dénonçant une élite politique accusée de détourner à son profit les richesses du pays.
La chute de M. Oyun-Erdene, 44 ans, ex-avocat devenu chef du gouvernement en 2021, reflète la profonde crise de confiance qui mine la Mongolie. Ce pays aux vastes ressources naturelles, notamment minières, est depuis longtemps gangrené par des pratiques corrompues qui ont nourri un ressentiment croissant au sein de la population, en particulier chez les jeunes.
Le scandale a été déclenché par des révélations concernant les dépenses extravagantes du fils du Premier ministre, révélations qui ont provoqué une onde de choc politique et sociale. Malgré les démentis officiels qualifiant ces accusations de « diffamation », la colère populaire n’a cessé de croître, culminant avec des manifestations massives devant le Parlement.
Le vote à bulletin secret, tenu ce mardi, a été sans appel : M. Oyun-Erdene n’a recueilli que 44 voix sur les 126 députés, alors qu’il lui en fallait 64 pour conserver son poste. Une défaite nette qui a scellé son sort et ouvert une période d’incertitude politique. En attendant la nomination de son successeur dans les trente prochains jours, il assurera l’intérim.
Cette crise intervient alors que la Mongolie est dirigée par un gouvernement de coalition fragile, déjà fragilisé par l’exclusion du Parti démocrate, deuxième force politique, après des désaccords internes liés à la gestion de cette affaire. L’effondrement du Premier ministre traduit donc une fracture profonde au sein même de la classe politique mongole.
Ce départ forcé est un avertissement fort lancé à une classe politique jugée coupable d’avoir laissé prospérer la corruption et l’injustice, tout en creusant les inégalités dans un pays où le coût de la vie explose et où les perspectives d’avenir restent incertaines pour une large partie de la jeunesse. La Mongolie, au cœur de deux géants autoritaires que sont la Chine et la Russie, se retrouve ainsi à un tournant décisif de son histoire démocratique.