Une pétition opposée à la loi Duplomb, récemment adoptée au Parlement français, a franchi ce dimanche 20 juillet 2025 la barre exceptionnelle d’un million de signatures sur le site officiel de l’Assemblée nationale. Lancée il y a à peine dix jours par une étudiante en santé environnementale, cette mobilisation inédite pourrait conduire à un débat historique au Parlement, même si la loi elle-même ne sera pas remise en cause.
La loi Duplomb, votée sans débat préalable le 8 juillet, prévoit la réintroduction à titre dérogatoire de l’acétamipride, un pesticide appartenant à la famille controversée des néonicotinoïdes, interdit en France depuis plusieurs années mais toujours autorisé dans d’autres pays européens jusqu’en 2033. Ce produit est principalement demandé par des filières agricoles comme la betterave ou la noisette, confrontées à des ravageurs difficiles à maîtriser et à une concurrence européenne jugée déloyale.
Toutefois, l’acétamipride suscite de vives inquiétudes sur ses effets sanitaires et environnementaux. Bien que les risques pour la santé humaine restent à ce jour mal établis faute d’études approfondies, de nombreux experts et associations alertent sur les dangers pour la biodiversité, notamment pour les abeilles, essentielles à la pollinisation. Les apiculteurs dénoncent unanimement ce qu’ils qualifient de “tueur d’abeilles”.
La pétition, initiée par une jeune femme de 23 ans et future professionnelle de la santé environnementale, qualifie la loi d’“aberration scientifique, éthique, environnementale et sanitaire”. Elle a su rallier plus de 500 000 signataires supplémentaires en moins de 24 heures, un record jamais atteint sur la plateforme parlementaire.
Face à cette mobilisation populaire, la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, s’est déclarée favorable à l’organisation d’un débat, une première dans l’histoire récente de l’institution. Cependant, elle a clairement indiqué que ce débat ne remettrait pas en cause la validité de la loi, présentée par le gouvernement comme “un grand pas pour la reconquête de la souveraineté alimentaire” de la France.
Le sénateur Laurent Duplomb, auteur du texte et membre des Républicains, défend fermement la mesure. Il met en avant la nécessité de protéger les agriculteurs français contre une concurrence étrangère “déloyale”, arguant que sans cette exception, certaines productions risquent de disparaître.
Cette position est largement soutenue par la FNSEA, principal syndicat agricole, dont le président Arnaud Rousseau affirme que l’agriculture hexagonale est menacée si la France impose des normes plus strictes que celles de ses voisins européens.
En revanche, l’ensemble des partis de gauche, ainsi que les écologistes, s’opposent fermement à la loi. Marine Tondelier, leader des Écologistes, a salué sur le réseau X la puissance de la mobilisation citoyenne, qualifiant la pétition de “contre-attaque écologique face aux lobbies”.
La controverse illustre la difficulté majeure pour la France de concilier protection de l’environnement, santé publique et compétitivité agricole. Si le gouvernement met en avant la souveraineté alimentaire, une question centrale dans un contexte mondial incertain, une partie croissante de la société civile et des acteurs économiques s’inquiètent des conséquences sanitaires et écologiques à long terme.