À Washington, Donald Trump a réussi un nouveau coup politique : l’un de ses plus proches conseillers économiques, Stephen Miran, a été confirmé lundi par le Sénat américain comme gouverneur de la Réserve fédérale (Fed). Une nomination aussi stratégique que controversée, intervenue à quelques heures d’une réunion cruciale sur l’avenir des taux d’intérêt.
Par 48 voix contre 47, la majorité républicaine a validé de justesse cette nomination, malgré l’opposition farouche des démocrates. Ces derniers redoutent que Miran ne se transforme en simple relais des volontés présidentielles, fragilisant l’indépendance de l’institution monétaire la plus puissante du monde.
Peu après son investiture, Stephen Miran a prêté serment et pris place autour de la table de la Fed, alors que s’ouvrait la traditionnelle réunion de politique monétaire, organisée toutes les six semaines. Une première baisse des taux directeurs depuis le début de 2025 est largement anticipée par les marchés.
La nomination de Miran intrigue autant qu’elle inquiète. Restant officiellement conseiller économique de Donald Trump, il a simplement pris un congé sans solde, invoquant la brièveté de son mandat qui court jusqu’au 31 janvier 2026. Une situation inédite, perçue par l’opposition comme une « servitude » envers la Maison Blanche.
Architecte de la politique économique trumpienne, partisan d’un dollar affaibli et des droits de douane massifs, Miran s’est déjà distingué par ses positions hétérodoxes. Devant les sénateurs, il affirmait récemment qu’aucune hausse significative des prix n’avait découlé des mesures protectionnistes, à rebours de la majorité des économistes.
Depuis plusieurs mois, Donald Trump multiplie les appels à une baisse rapide et massive des taux, afin de soutenir la croissance et d’alléger le coût du crédit. Il minimise les risques inflationnistes qui freinent encore une partie des gouverneurs. Lundi, il exhortait une nouvelle fois Jerome Powell, président de la Fed, à agir « maintenant, et plus fortement que ce qu’il a en tête ».
La bataille pour remodeler la Fed ne s’arrête pas là. Trump tente de pousser vers la sortie Lisa Cook, gouverneure nommée sous Joe Biden, qu’il accuse d’irrégularités dans des prêts immobiliers. Mais une cour d’appel a confirmé lundi son maintien provisoire, lui permettant de participer au vote sur les taux.
Derrière cette confrontation, c’est l’indépendance même de la Fed qui est en jeu. Organe central du système financier mondial, l’institution fonctionne normalement à l’abri des pressions partisanes. Mais avec Trump déterminé à placer ses fidèles au sein du conseil, les décisions à venir risquent d’être scrutées comme rarement auparavant.
Autour de la table, douze voix décideront du cap monétaire américain : les six gouverneurs de la Fed, le président Jerome Powell, le chef de la Fed de New York et quatre présidents régionaux renouvelés chaque année. Désormais, l’une de ces voix est celle d’un fidèle du président américain.