Bruxelles, 7 novembre 2025 — L’Union européenne a annoncé un nouveau durcissement de sa politique de visas à l’encontre des ressortissants russes. Désormais, les citoyens de la Fédération de Russie devront solliciter un nouveau visa à chaque déplacement dans l’espace européen, les visas à entrées multiples étant suspendus. Une mesure de fermeté que Bruxelles justifie par des motifs de sécurité, sur fond de guerre prolongée en Ukraine et de craintes croissantes d’opérations de déstabilisation hybride menées par Moscou.
« Déclencher une guerre et s’attendre à circuler librement en Europe est difficilement justifiable », a déclaré Kaja Kallas, haute représentante de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, sur le réseau X. Selon elle, cette décision constitue une réponse nécessaire aux multiples incidents récents impliquant des actes de sabotage, des cyberattaques et l’usage de drones sur le territoire européen, attribués à des réseaux liés à la Russie.
La Commission européenne a précisé que ce nouveau dispositif vise à instaurer un examen approfondi et fréquent des demandeurs de visas russes, afin de « limiter tout risque potentiel pour la sécurité des États membres ». Des exceptions ciblées seront toutefois maintenues, notamment pour les journalistes indépendants, les défenseurs des droits humains ou encore les opposants politiques au régime de Vladimir Poutine.
Cette annonce intervient dans un contexte de vigilance accrue au sein de l’UE, où les accusations de « guerre hybride » se multiplient. Plusieurs pays — dont la Pologne, la Finlande, les États baltes et la Suède — ont signalé des violations d’espace aérien, des intrusions de drones et des campagnes de désinformation présumées orchestrées par Moscou.
Depuis le début de l’invasion russe en février 2022, Bruxelles a progressivement réduit les canaux de mobilité et de coopération avec la Russie. L’accord de facilitation des visas a été suspendu dès septembre 2022, entraînant une chute spectaculaire du nombre de visas délivrés : de plus de quatre millions avant la guerre, il n’en restait qu’environ 500 000 en 2023.
Cependant, plusieurs pays d’Europe du Sud — notamment la France, l’Espagne et l’Italie — ont continué à délivrer un volume notable de visas, en raison de liens culturels, économiques ou touristiques persistants. Ce contraste alimente les débats internes au sein de l’Union entre les partisans d’une ligne dure et ceux qui prônent une distinction entre État et population russe.
Si les soutiens de la mesure estiment qu’elle renforce la cohérence et la sécurité de l’Union, d’autres voix s’élèvent contre ce qu’elles perçoivent comme une punition collective.
Parmi elles, Ioulia Navalnaïa, figure de l’opposition russe en exil, a dénoncé une décision « contre-productive » :
« En fermant ses portes à l’ensemble des Russes, l’Europe risque de nourrir le discours du Kremlin selon lequel elle serait hostile à tout un peuple. »
Selon elle, l’UE devrait plutôt cibler l’élite proche de Vladimir Poutine, responsable de la guerre et du maintien du régime autoritaire, afin d’éviter d’isoler davantage la société civile russe.



























