La police espagnole a annoncé vendredi l’arrestation de 13 membres présumés du tristement célèbre gang vénézuélien Tren de Aragua, dans le cadre d’une vaste opération menée simultanément à Barcelone, Madrid, Gérone, La Corogne et Valence. Ce gang fait l’objet d’une surveillance internationale accrue, notamment par les États-Unis, qui ciblent activement ses dirigeants accusés de trafic de drogue dans les Caraïbes et le Pacifique oriental.
Le Tren de Aragua, formé à l’origine dans les prisons vénézuéliennes, est aujourd’hui considéré comme l’un des réseaux criminels transnationaux les plus violents d’Amérique latine. Il est impliqué dans le trafic de drogue, la traite des êtres humains et l’extorsion. L’année dernière, la police espagnole avait déjà lancé une enquête après l’arrestation à Barcelone du frère de Nino Guerrero, chef du gang, ce qui a permis de remonter jusqu’aux réseaux actifs sur le territoire espagnol.
Dans le cadre de cette opération, les forces de l’ordre ont saisi des drogues de synthèse et de la cocaïne, et ont démantelé deux laboratoires clandestins de fabrication de « tusi », un mélange de cocaïne, de MDMA et de kétamine. Ces arrestations visent à freiner l’expansion du gang dans un pays où la communauté vénézuélienne constitue l’une des plus importantes populations immigrées.
L’affaire s’inscrit également dans une dynamique internationale tendue. Le Tren de Aragua avait été désigné comme « organisation terroriste » par les États-Unis en début d’année, qui ont procédé à l’expulsion de plus de 200 membres présumés du gang depuis leur territoire en mars dernier. Dans le même temps, l’administration Trump a mené plusieurs frappes contre des navires dans la mer des Caraïbes et le Pacifique, faisant plus de 60 morts depuis septembre, sans fournir de preuves publiques que les personnes visées étaient effectivement impliquées dans le trafic de drogue.
Ces actions ont été dénoncées par le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Turk, comme des « exécutions extrajudiciaires », et plusieurs parlementaires américains ont réclamé des éclaircissements sur leur légalité. De son côté, le président vénézuélien Nicolas Maduro a accusé Washington de chercher à déstabiliser son gouvernement, affirmant que la « guerre contre la drogue » n’est qu’un prétexte pour renforcer la présence militaire américaine et renverser son régime.
Cette série d’arrestations en Espagne illustre l’ampleur et la complexité du phénomène criminel vénézuélien à l’échelle internationale, ainsi que les tensions géopolitiques qui l’entourent, où sécurité, immigration et intervention militaire se croisent dans un contexte particulièrement fragile.

























