Mercredi 19 novembre 2025, Gérald Darmanin, ministre de la Justice française, a franchi un nouveau cap dans la traque des barons français de la drogue exilés à Dubaï. Accompagné d’une délégation renforcée d’enquêteurs de l’Office antistupéfiants (Ofast) et de magistrats spécialisés, il a remis aux autorités émiraties une liste actualisée de quinze fugitifs parmi les plus recherchés, tous considérés comme « extrêmement dangereux » par les services français.
« Ces individus ne doivent plus pouvoir jouir d’une impunité de fait sur le sol émirati. Ils doivent répondre de leurs crimes en France, devant nos juges », a martelé Darmanin lors d’une conférence de presse conjointe avec son homologue émirati, Abdullah bin Sultan Al Nuaimi.
Mais le véritable coup de force de cette visite réside dans l’opération patrimoniale, surnommée en interne « Burj Blanchiment ». Les services français ont transmis aux Émirats un dossier de plus de quatre cents pages recensant quarante-trois biens immobiliers de luxe – appartements avec vue sur la Palme, villas sécurisées à Emirates Hills, penthouses dans la Burj Khalifa – acquis par ces fugitifs entre 2018 et 2025, pour une valeur estimée à 420 millions d’euros.
La plupart de ces acquisitions ont été effectuées en espèces, via des sociétés-écrans basées aux Îles Vierges britanniques ou en cryptomonnaies (Bitcoin, Monero, USDT), rendant jusqu’ici leur traçage quasi impossible. Après plusieurs mois de discussions techniques, les autorités émiraties ont donné leur accord de principe pour une saisie conservatoire immédiate, avant même toute demande formelle d’extradition ou condamnation définitive en France.
« Nous changeons de paradigme, a expliqué Gérald Darmanin. Hier, ces criminels pensaient que Dubaï était un sanctuaire où ils pouvaient profiter en toute tranquillité du fruit de la misère et de la mort qu’ils sèment en France. Aujourd’hui, nous leur disons : même vos palaces, même vos Lamborghini, même vos comptes offshore ne seront plus à l’abri. Nous frapperons au portefeuille avant même de frapper à la porte de leur cellule. » Ces biens doivent être saisis et vendus, avant même toute condamnation », a insisté le ministre,
Depuis le début de l’année 2025, quatorze grands narcotrafiquants ont déjà été interpellés et extradés vers la France, où ils sont incarcérés dans des prisons de haute sécurité avant d’être jugés. Cette offensive s’inscrit dans une stratégie globale, souhaitée par Emmanuel Macron, visant à traiter le narcotrafic avec la même rigueur que le terrorisme, selon les instructions données lors d’une réunion d’urgence à l’Élysée la veille.
Cette action est le prolongement d’un travail entamé dès la précédente visite de Gérald Darmanin à Dubaï, accompagné de Vanessa Perrée, directrice de l’Agence de gestion et de recouvrement des avoirs saisis et confisqués, pressentie pour diriger le futur Parquet national anticriminalité organisée. Grâce à son expertise, les autorités émiraties ont été sensibilisées à l’importance des saisies, transformant Dubaï en un terrain stratégique de lutte contre l’argent sale.



























