Manille, 24 novembre 2025 – Le président philippin Ferdinand Marcos Jr. a annoncé lundi l’arrestation de sept suspects dans le cadre d’un vaste scandale de corruption touchant des projets de protection contre les inondations, tout en précisant que plusieurs autres individus sont activement recherchés par les autorités. Cette annonce intervient alors que la colère populaire monte face aux irrégularités flagrantes impliquant des membres influents du Congrès et des entreprises liées à des familles politiques puissantes.
Le premier dossier concerne des projets dans la province d’Oriental Mindoro, où une digue fluviale de 289 millions de pesos (environ 4,8 millions de dollars) aurait été réalisée par Sunwest Corp., une entreprise de construction appartenant à la famille de l’ancien député Zaldy Co, lui-même inculpé. Selon Marcos, six suspects se sont rendus à la police au cours du week-end, tandis qu’un autre a été arrêté dans la banlieue de Quezon City, où plusieurs complices présumés tentaient de le cacher.
« Mon conseil aux autres suspects est de vous rendre, n’attendez pas d’être poursuivis », a déclaré le président sur son compte officiel Facebook. « Cela continuera, nous n’arrêterons pas. »
Cette affaire met en lumière la dimension systémique de la corruption dans le pays. Au moins 9 855 projets de lutte contre les inondations, représentant plus de 545 milliards de pesos (près de 9 milliards de dollars), font actuellement l’objet d’une enquête. Ces projets, prévus depuis l’entrée en fonction de Marcos à la mi-2022, devaient protéger les populations contre les inondations récurrentes et les phénomènes climatiques extrêmes qui frappent régulièrement l’archipel. Pourtant, beaucoup sont restés inachevés, ou leur qualité est jugée insuffisante par les experts.
Lors d’auditions au Sénat et devant une commission d’enquête indépendante, plusieurs responsables et ingénieurs du ministère des Travaux publics ont reconnu sous serment avoir reçu d’importants pots-de-vin en échange de contrats accordés à des entreprises privilégiées. Le train de vie ostentatoire des principaux suspects, avec demeures somptueuses, voitures de luxe et jets privés, a attisé l’indignation populaire, donnant lieu à de vastes manifestations à travers le pays. Une grande mobilisation est prévue le 30 novembre, soutenue par l’Église catholique, qui reste une voix influente aux Philippines.
Parmi les personnes impliquées figurent Martin Romualdez, député et cousin du président, qui a nié toute implication mais a démissionné de son poste de président de la Chambre des représentants. L’ancien président du Sénat, Chiz Escudero, est également visé par des accusations similaires et a quitté ses fonctions. Les conseillers de Marcos ont insisté sur le fait que le président lui-même n’était pas mêlé aux irrégularités et qu’il avait alerté le Congrès dès juillet 2025 lors de son discours sur l’état de la nation.
Les enquêtes s’étendent également aux projets initiés sous la présidence précédente de Rodrigo Duterte, afin de déterminer si des détournements similaires ont eu lieu. Le secrétaire aux Finances Ralph Recto a indiqué qu’environ 118,5 milliards de pesos (2 milliards de dollars) pourraient avoir été détournés depuis 2023.
Ce scandale souligne les défis structurels auxquels sont confrontées les Philippines dans la gestion de fonds publics et la réalisation de projets essentiels pour la sécurité des populations. L’affaire illustre également le poids de la corruption dans la lenteur ou l’échec des initiatives de protection contre les catastrophes naturelles, alors que le pays reste particulièrement vulnérable aux inondations et aux typhons meurtriers.
Le président Marcos s’est engagé à ce que tous les responsables impliqués, y compris les parlementaires et les grands entrepreneurs, soient traduits en justice avant Noël, dans une tentative de restaurer la confiance du public et d’envoyer un signal fort contre l’impunité qui a longtemps caractérisé la vie politique philippine.



























