Le 10 décembre 2025, la cérémonie du Nobel de la Paix s’est tenue à Oslo, mais dans un vide symbolique : Maria Corina Machado, figure emblématique de l’opposition vénézuélienne et lauréate du prix cette année, était absente. Sa fille, Ana Corina Sosa Machado, a reçu à sa place la médaille et le diplôme d’or, lisant un discours poignant enregistré par sa mère. Dans ce message, Machado dénonçait les « crimes contre l’humanité » du régime Maduro et appelait à une mobilisation internationale pour la liberté et la démocratie, soulignant que « la démocratie est essentielle à la paix ». Sa fille annonçait qu’elle rentrerait bientôt au Venezuela pour poursuivre son combat. Le président du Comité Nobel, Jørgen Watne Frydnes, a rappelé que l’attribution de ce prix était aussi un appel urgent au régime vénézuélien pour une transition démocratique.
L’absence de Machado n’est pas un choix : depuis août 2024, elle vit dans la clandestinité pour échapper aux autorités. Après l’élection présidentielle controversée du 28 juillet 2024, largement dénoncée comme frauduleuse, elle est accusée de « complots contre l’État, incitation à la haine et terrorisme ». Amnesty International et Human Rights Watch dénoncent ces accusations comme « fabriquées ». Toute sortie du territoire représente un risque extrême, avec des frontières surveillées et une Garde nationale bolivarienne sur ses traces. Son voyage vers Oslo a été compliqué, et elle n’a pu arriver à temps, malgré le soutien logistique de sympathisants courageux. Le Comité Nobel a salué son courage, affirmant qu’elle ferait partie des événements ultérieurs et qu’elle était en sécurité.
Maria Corina Machado, née en 1967, fondatrice de Vente Venezuela et députée de 2010 à 2014, s’est imposée comme l’icône spirituelle de l’opposition vénézuélienne. Elle a unifié les forces démocratiques au sein de la Plateforme unitaire démocratique et demeure la leader incontestée malgré les interdictions de candidature. Son combat se déroule dans un pays en crise profonde : hyperinflation, pénuries alimentaires, exode massif et militarisation croissante de la société. Le Nobel 2025 s’inscrit dans ce contexte, renforçant sa légitimité internationale et envoyant un message fort au régime Maduro.
Si saluée par de nombreux démocrates vénézuéliens et figures internationales, Machado est également critiquée pour son alignement avec Donald Trump et ses positions géopolitiques, jugées par certains comme favorables à des interventions américaines. Ses détracteurs l’accusent de ne pas suffisamment condamner certaines politiques migratoires ou de flirter avec des idées d’ingérence. Pourtant, elle persiste dans son appel à la liberté et à la résistance pacifique, rappelant que « les démocraties doivent se battre pour survivre ».
L’attribution du prix pourrait accélérer la reconnaissance internationale d’une victoire électorale de l’opposition et ouvrir la voie à une médiation pour une transition pacifique. Les manifestations pro-Machado se multiplient à Caracas et Miami, tandis que le régime dénonce une « provocation impérialiste ». L’absence physique de Machado illustre la dangerosité de la dissidence sous un régime autoritaire : traquée mais jamais silencieuse, sa voix résonne à travers le monde. Comme l’a affirmé le Comité Nobel, elle « porte l’espoir de la liberté depuis les rues et les places publiques ». Ce Nobel n’est pas seulement une récompense : c’est un cri pour la paix et la démocratie, et un rappel que la lutte de Machado est celle de millions de Vénézuéliens aspirant à vivre sans peur.

























