Washington – La Chambre des représentants des États-Unis a adopté mercredi soir un projet de loi visant à abroger la loi César de 2019, qui imposait des sanctions économiques draconiennes à la Syrie en réponse aux crimes de guerre et violations des droits humains sous le régime de Bachar al-Assad. Cette mesure, intégrée à la Loi d’autorisation de la défense nationale (NDAA) pour l’exercice 2026, marque un tournant décisif pour le redressement du pays après la chute de l’ancien dictateur.
« Comme beaucoup le savent, cette loi de finances de la défense nationale permet de lever les sanctions imposées à la Syrie en raison des agissements du régime d’al-Assad », a déclaré le représentant républicain Brian Mast, de Floride, lors des débats à la Chambre. « Nous offrons ainsi à la Syrie la possibilité de reconstruire son avenir après Assad. » Ancien opposant à cette levée, Mast a toutefois souligné que la Maison-Blanche pourrait réimposer des restrictions ciblées si nécessaire, une disposition prévue par le texte pour conditionner l’assouplissement à des progrès concrets.
Le projet, adopté par 312 voix contre 112, doit désormais passer au Sénat, où un vote est attendu d’ici la fin de l’année. S’il est approuvé, il abrogera officiellement la loi César, qui visait le gouvernement syrien et ses soutiens pour les exactions commises durant les 13 ans de guerre civile. En échange, la Maison-Blanche sera tenue de soumettre des rapports périodiques certifiant que le nouveau gouvernement syrien, dirigé par le président intérimaire Ahmed al-Sharaa, combat activement les groupes islamistes comme l’État islamique, protège les droits des minorités religieuses et ethniques, et s’abstient d’actions militaires unilatérales contre ses voisins, Israël inclus.
Promulguée sous le premier mandat de Donald Trump, la loi César avait amplifié les souffrances des civils syriens en entravant la reconstruction. En décembre 2024, à la veille du retour de Trump à la présidence, une coalition rebelle menée par Hayat Tahrir al-Sham (HTS) a renversé Assad, qui s’est exilé en Russie. Depuis, l’administration Trump a suspendu de nombreuses sanctions et accueilli al-Sharaa à la Maison-Blanche en mai dernier, annonçant la fin de toutes les restrictions. Les sanctions les plus sévères, comme celles de la loi César, requièrent toutefois l’aval du Congrès pour une suppression définitive – un feu vert que Trump a activement sollicité.
Les défenseurs des droits humains ont applaudi cette avancée, soulignant que la levée des sanctions favorisera la reprise économique après des années de dévastation. « Ces restrictions ont freiné la reconstruction et aggravé les maux des populations civiles », a commenté un porte-parole d’Amnesty International. De son côté, le gouverneur de la Banque centrale syrienne, Abdulkader Husrieh, a qualifié cette évolution de « miracle » dans un entretien accordé à Reuters, la voyant comme un levier pour relancer l’investissement et l’emploi.
Parallèlement, le Conseil de sécurité de l’ONU a récemment rayé al-Sharaa et le ministre de l’Intérieur Anas Khattab des listes de sanctions liées à l’EIIL (Daech) et à Al-Qaïda, renforçant la légitimité internationale du nouveau régime. À Damas et ailleurs, les autorités syriennes pressent pour une levée totale, affirmant qu’elle est indispensable à la stabilité politique et à la relance des infrastructures détruites.
Ce mois-ci, les Syriens ont commémoré le premier anniversaire de la chute d’Assad par des feux d’artifice, des prières collectives et des manifestations festives à Lattaquié et Homs. À Homs, des femmes défilent encore devant un mur peint d’un slogan iconique : « Nous resterons ici jusqu’au départ d’al-Assad », rappel poignant d’une dictature révolue et d’un espoir naissant pour un avenir pacifique. Malgré ces progrès, le chemin reste semé d’embûches : reconstruction, intégration des minorités et lutte contre l’extrémisme demeurent des priorités urgentes pour un pays en pleine renaissance.


























