Budapest, 14 décembre 2025 – La Hongrie est engloutie dans une crise morale abyssale et une tempête politique qui menace les fondations du régime d’Orbán, après des révélations d’une horreur inimaginable dans le centre de détention pour mineurs de la rue Szőlő (Szolo), un lieu censé protéger les plus vulnérables mais devenu un enfer d’exploitation et de violence. Le 13 décembre, des dizaines de milliers de citoyens révoltés – plus de 50 000 selon l’AFP et Franceinfo, jusqu’à des estimations dépassant les 100 000 – ont déferlé dans les rues glacées de Budapest, à l’appel du parti d’opposition Tisza dirigé par Péter Magyar, pour hurler leur rage et réclamer la chute de Viktor Orbán.
Portant peluches abandonnées comme symboles d’innocence brisée, torches flamboyantes dans la nuit hivernale et banderoles clamant « Protégez les enfants ! », la foule a assiégé les bureaux du Premier ministre sur la colline du Château, incarnant une indignation qui bouillonne depuis des années face à l’inaction d’un État complice par silence.
Les vidéos de surveillance, diffusées comme un coup de poignard dans l’opinion publique, révèlent des scènes insoutenables : des employés, dont le directeur par intérim Kovács-Buna Károly (forcé à démissionner), rouant de coups des adolescents vulnérables – coups de pied à la tête, humiliations systématiques. Mais le pire réside dans les accusations contre l’ancien directeur, Péter Pál Juhász (en poste de 2011 à 2025, arrêté en mai 2025 avec sa compagne) : abus sexuels sur des garçons de 14-15 ans (actes forcés, oraux ou anaux, sous menace ou en échange de cadeaux dérisoires), organisation d’un réseau de prostitution forçant des jeunes filles à se vendre tandis que leurs revenus étaient confisqués, trafic d’êtres humains, travail forcé et blanchiment. Sept personnes croupissent en détention, mais le plus révoltant est l’aveuglement volontaire : des signalements ignorés depuis 2015, un rapport confidentiel de 2021 (dévoilé par Magyar) révélant que plus d’un cinquième des enfants en institutions d’État subissent maltraitances et abus.
C’est un système pourri où les plus fragiles – souvent issus de la misère profonde – sont livrés à leurs bourreaux sous la tutelle de l’État.Ce cauchemar fait écho au scandale de 2024, où l’alliée d’Orbán, la présidente Katalin Novák, a dû démissionner pour avoir gracié un complice d’abus sexuels sur enfants. Orbán, qui parade depuis 15 ans comme le gardien intransigeant de la famille et de l’enfance, condamne mollement les faits comme « inacceptables » tout en minimisant : il a placé les cinq centres sous supervision policière et défend l’institution comme une « prison » pour délinquants graves.
Pour l’opposition, cette réponse tardive n’est qu’un écran de fumée masquant des décennies de complicité passive et de protection des coupables. Péter Magyar accuse ouvertement le régime d’avoir laissé pourrir le système, appelle à des élections anticipées et capitalise sur des sondages où Tisza domine Fidesz à quatre mois des législatives d’avril 2026.
Cette crise expose l’abîme entre la rhétorique vertueuse d’Orbán et la réalité putride des institutions qu’il contrôle. La rue, traumatisée et furieuse, ne pardonne plus. Entre enquêtes judiciaires en cours et une société fracturée, le pays affronte une descente aux enfers morale qui pourrait emporter un pouvoir usé par ses propres contradictions


























