Kuala Lumpur, 23 décembre 2025 – La Haute Cour de Kuala Lumpur a rejeté, le lundi 22 décembre 2025, la demande de l’ancien Premier ministre malaisien Najib Razak visant à purger le reste de sa peine de prison en assignation à résidence. Cette décision, rendue par la juge Alice Loke Yee Ching, constitue un sérieux revers judiciaire pour l’ex-dirigeant de 72 ans, déjà emprisonné depuis 2022 dans le cadre du scandale financier 1MDB.
Najib Razak, escorté par des gardes pénitentiaires, est arrivé au complexe judiciaire de Kuala Lumpur tôt dans la matinée du 22 décembre. Accompagné de membres de sa famille, dont son épouse Rosmah Mansor et son fils Mohd Nizar Najib, il a assisté à l’audience sans manifester d’émotions particulières. À la sortie, son avocat principal, Tan Sri Muhammad Shafee Abdullah, a qualifié la décision de « choquante » et annoncé un appel immédiat.
La juge a motivé son rejet en déclarant que l’ordre royal supplémentaire (« addendum order »), invoqué par Najib et prétendument émis par l’ancien roi Sultan Abdullah Sultan Ahmad Shah en janvier 2024, n’était pas valide. Bien que l’existence du document ne soit pas contestée, il n’a pas été discuté ni approuvé lors de la réunion du Conseil des grâces (Pardons Board), comme l’exige la Constitution malaisienne. « Un ordre d’assignation à résidence n’est pas exécutable, car il n’existe aucune disposition légale pour un tel mécanisme en Malaisie », a-t-elle précisé.
Najib purge actuellement une peine réduite de six ans de prison (initialement 12 ans) à la prison de Kajang, suite à sa condamnation en 2020 pour détournement de fonds liés à SRC International, une filiale de 1MDB. Il avait obtenu une grâce partielle en 2024, réduisant sa sentence et son amende, mais l’ajout supposé d’une assignation à résidence n’a pas été reconnu par la cour.
Ce rejet intervient à un moment critique, alors qu’un verdict est attendu le 26 décembre 2025 dans le procès principal lié au fonds souverain 1Malaysia Development Berhad (1MDB). Najib y fait face à quatre chefs d’abus de pouvoir et 21 accusations de blanchiment d’argent, pour avoir prétendument transféré environ 2,28 milliards de ringgits (environ 554 millions de dollars) du fonds directement sur ses comptes personnels.
Le fonds 1MDB, créé en 2009 sous le mandat de Najib en tant que Premier ministre et ministre des Finances, visait à promouvoir le développement économique de la Malaisie. Au lieu de cela, il est devenu le théâtre d’un des plus grands scandales de corruption de l’histoire moderne : selon les enquêteurs américains, au moins 4,5 milliards de dollars ont été détournés par des hauts responsables et leurs associés. Plus d’un milliard de dollars auraient atterri sur les comptes de Najib.
Les fonds volés ont financé des achats extravagants : yachts de luxe, œuvres d’art, bijoux et même le financement du film hollywoodien Le Loup de Wall Street. L’homme d’affaires fugitif Low Taek Jho (connu sous le nom de Jho Low), considéré comme le cerveau de l’opération, est toujours en fuite. La défense de Najib a tenté de reporter la responsabilité sur lui, affirmant que l’ancien Premier ministre avait été trompé.
Najib a présenté ses excuses publiques pour les « dysfonctionnements » survenus pendant son mandat, tout en niant toute connaissance des transferts illicites. L’accusation, forte de relevés bancaires, de témoignages de plus de 50 témoins et de documents accablants, a réfuté ces arguments.
Le scandale 1MDB a eu des répercussions internationales : enquêtes aux États-Unis, en Suisse et à Singapour, condamnations de banques comme JPMorgan Chase, Edmond Rothschild et d’un ancien banquier de Goldman Sachs. Il a surtout été décisif dans la défaite historique de Najib et de son parti, l’Organisation nationale des Malais unis (UMNO), aux élections de 2018 – une première depuis l’indépendance de 1957.
Malgré sa condamnation, Najib conserve une influence au sein de l’UMNO, qui fait partie de la coalition au pouvoir sous le Premier ministre actuel Anwar Ibrahim. Cette décision judiciaire pourrait tester la crédibilité anti-corruption du gouvernement.
L’équipe de défense a confirmé son intention de faire appel du rejet de l’assignation à résidence. Parallèlement, le verdict du 26 décembre pourrait alourdir considérablement la peine de Najib s’il est reconnu coupable, avec des peines potentielles allant jusqu’à 20 ans par chef d’accusation.
Ce double coup judiciaire marque la fin d’une année mouvementée pour l’ancien leader, symbolisant la persistance de la lutte contre la corruption en Malaisie. Le pays, comme le monde, attendra avec attention les prochains développements dans cette saga qui a ébranlé les fondations politiques et financières de la nation.



























