Maiduguri, Nigeria –une violente explosion a secoué une mosquée bondée située dans le quartier de Gamboru, près du marché principal et de la zone douanière de Maiduguri, capitale de l’État de Borno dans le nord-est du Nigeria. L’attaque s’est produite vers 18 heures locales (17 heures GMT), au moment où des centaines de fidèles musulmans se rassemblaient pour la prière du Maghrib, l’une des cinq prières quotidiennes obligatoires.
Selon des témoins oculaires et des sources sécuritaires citées par l’AFP et Reuters, l’explosion aurait été causée par un engin explosif improvisé (IED) placé à l’intérieur de la mosquée Al-Adum Jumaat, ou par un attentat-suicide. Le chef d’une milice anti-jihadiste, Babakura Kolo, a décrit l’incident comme un attentat à la bombe, tandis que certains témoins évoquent un kamikaze s’étant faufilé parmi les fidèles. Un responsable de la mosquée, Malam Abuna Yusuf, a rapporté jusqu’à huit morts, mais les bilans varient : au moins sept victimes confirmées par plusieurs sources, avec des rapports plus récents indiquant cinq morts et 35 blessés selon la police de l’État de Borno.
Des images prises sur place par Reuters montrent des blessés graves évacués vers l’hôpital spécialisé de l’État de Borno, certains couverts de sang et tordus de douleur. La déflagration a provoqué un chaos immédiat : panique générale, fumée épaisse s’échappant du bâtiment, et fidèles fuyant en tous sens. Les forces de sécurité ont rapidement bouclé la zone, déployant une équipe de déminage pour sécuriser les lieux et éviter une seconde explosion.
Aucun groupe n’a revendiqué l’attaque pour l’instant, mais elle porte la signature des jihadistes actifs dans la région, notamment Boko Haram ou sa faction rivale, l’État islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP). Maiduguri, berceau historique de Boko Haram fondé en 2002 par Mohammed Yusuf, n’avait pas connu d’attaque majeure en son centre-ville depuis 2021. La ville, autrefois théâtre quotidien de fusillades et d’attentats, avait retrouvé un relatif calme ces dernières années, avec des marchés restant ouverts tard le soir et une présence militaire visible mais discrète aux checkpoints.
L’insurrection jihadiste au Nigeria dure depuis 2009, lorsque Boko Haram a lancé sa campagne armée pour imposer une interprétation stricte de la charia et rejeter l’éducation occidentale (le nom « Boko Haram » signifie approximativement « l’éducation occidentale est un péché »). Le conflit a fait plus de 40 000 morts et déplacé environ 2 millions de personnes, selon les estimations de l’ONU. Il s’est propagé aux pays voisins – Niger, Tchad et Cameroun – formant une crise régionale dans le bassin du lac Tchad.
Malgré des offensives militaires soutenues par une force multinationale conjointe, les groupes jihadistes conservent une capacité de frappe, particulièrement dans les zones rurales. En 2025, les analystes notent une résurgence des violences : attaques contre des civils, enlèvements, et incursions sporadiques. Boko Haram et ISWAP, bien que rivaux depuis une scission en 2016, ciblent souvent des lieux de culte, des marchés et des communautés perçues comme collaborant avec le gouvernement.
Cette explosion, ravive les tensions intercommunautaires. Elle a suscité une vague de condamnations : le gouverneur de Borno, Babagana Zulum, l’a qualifiée d’inhumaine et barbare », appelant à une vigilance accrue pendant les fêtes. Des figures politiques comme Shehu Sani ont dénoncé « l’horreur maléfique du terrorisme ».
Les autorités poursuivent l’enquête, renforçant les mesures de sécurité autour des lieux de culte et des marchés. Alors que les chrétiens de Maiduguri se préparent à célébrer Noël dans la crainte, cet attentat rappelle que la paix reste précaire dans une région marquée par plus de quinze ans de violence jihadiste. Les habitants espèrent que cette tragédie ne ravivera pas le cycle de représailles communautaires qui a autrefois ensanglanté la ville.



























