Au moins 8 personnes ont été tuées et 30 autres blessées lors d’une manifestation au Soudan, dans la région orientale de Kassala. Les manifestations ont été déclenchées par la décision du Premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok, de limoger le gouverneur de la province, Saleh Ammar, qui appartient à la tribu des Beni Amr. Parmi les victimes, outre les manifestants qui s’étaient rangés du côté du responsable local, un membre des forces de sécurité a également été identifié.
De violents affrontements ont eu lieu le jeudi 15 octobre entre des manifestants et une force conjointe de l’État régional de Kassala. Les violences ont entraîné la mort de 8 personnes, dont un membre des troupes conjointes », a déclaré aux journalistes Faisal Mohamed Saleh, ministre soudanais de l’Information et porte-parole du gouvernement. Sahel a alors précisé qu’à la suite des affrontements, le gouvernement central avait décidé de déclarer l’état d’urgence, d’une durée de trois jours, dans l’état de Kassala.
Le limogeage d’Ammar, décidé mardi 13 octobre, avait déjà déclenché de fortes manifestations à Port Soudan et dans la ville voisine de Suakin, où, selon les médecins locaux, au moins 6 personnes avaient été tuées et 20 autres blessées. Dans la nuit du mercredi 14 octobre, un couvre-feu a été imposé dans les deux villes portuaires de la mer Rouge.
La nomination d’Ammar au poste de gouverneur de l’État oriental de Kassala, datant du 22 juillet, a immédiatement suscité la colère des Beja, l’autre grande tribu de la région. Fin août, 3 personnes sont décédées et 10 autres ont été blessées dans les affrontements qui ont suivi le rendez-vous. Depuis, les tensions ont toujours été vives. Les manifestations de jeudi, organisées pour exprimer la dissidence à l’égard du licenciement d’Ammar, avaient cependant été approuvées par le Comité de sécurité de l’État. On ne sait donc pas encore comment les manifestations se sont transformées en violents affrontements entre les manifestants et les forces de sécurité.
La semaine dernière, des membres de la tribu Beja ont bloqué les quais de Port-Soudan, la bouée de sauvetage économique du pays, pour protester contre l’accord de paix signé le 3 octobre à Juba entre les groupes rebelles et le gouvernement. Le pacte, qui comprend une section sur la région orientale de Kassala, a été rejeté par les Beja car ils craignent que leur tribu ne soit sous-représentée dans les organes législatifs et exécutifs régionaux, au profit des Beni Amr.
L’accord conclu à Juba couvrait un certain nombre de questions épineuses pour le gouvernement soudanais, telles que la propriété foncière, l’indemnisation et l’indemnisation des rebelles en matière de partage des richesses et du pouvoir, ainsi que le retour des réfugiés et des personnes déplacées à l’intérieur du pays.
Mettre fin aux conflits internes est l’un des principaux objectifs du gouvernement de transition du Soudan, dirigé par le Premier ministre Hamdok. Ce dernier, au pouvoir depuis la chute du régime d’Omar el-Béchir, destitué à la suite de soulèvements populaires et de l’intervention des forces armées, le 11 avril 2019, préside un gouvernement mixte, composé d’éléments civils et militaires.