Les résultats annoncés par la commission électorale, ont mis en évidence une défaite de certaines figures de l’opposition politique aux élections législatives. Entre-temps, le ministre de l’Intérieur a présenté sa démission.
Le processus électoral a été caractérisé par un faible taux de participation, égal à 29,9%, également causé par les inquiétudes croissantes découlant de la propagation continue de la pandémie de coronavirus. Quelque 4 655 000 citoyens jordaniens, habilités à voter, ont été invités à se rendre aux urnes le 10 novembre pour élire les membres qui formeront le nouveau Parlement. La Chambre des représentants jordanienne compte 130 membres et est principalement composée de fonctionnaires progouvernementaux, d’hommes d’affaires et d’anciens responsables de la sécurité. Celui-ci, avec la deuxième chambre, le Sénat, a été dissous le 27 septembre, avec un décret publié par le monarque du royaume hachémite, le roi Abdallah II.
Le Front d’action islamique (IAF), considéré comme le bras politique des Frères musulmans en Jordanie, ainsi que le plus grand bloc de l’opposition, a obtenu huit sièges, la moitié de ceux obtenus au parlement précédent. Le président de l’IAF a déclaré que le parti islamiste avait en fait remporté 10 sièges, alors que deux avaient été remportés sur une autre liste. Enfin, il a été signalé qu’environ 100 nouvelles personnalités prendraient part au nouveau Parlement, dont une vingtaine de hauts gradés à la retraite et 30 anciens députés, bien que la Chambre continue d’être dominée par des hommes d’affaires et des représentants de tribus puissantes.
Dans le même temps, le Premier ministre d’Amman, Bisher al-Khasawneh, a annoncé la démission du ministre de l’Intérieur, Tawfiq al-Halimah, en raison d ‘irrégularités » dans le processus électoral. Cela s’est produit après que des groupes de manifestants sont descendus dans les rues du pays, générant un climat de chaos, malgré les mesures anti-Covid et le verrouillage imposé. Face à ce scénario, le ministre al-Halimah a déclaré qu’il avait assumé la responsabilité «morale» des événements indisciplinés qui ont suivi l’annonce des résultats des élections législatives, contre lesquelles le roi Abdallah II s’est indigné.
Les vidéos diffusées sur le net montraient des scènes de violence, des «fusillades» à l’arme automatique aux actes de vandalisme contre la propriété publique et privée. Cela a incité les forces de police à intervenir dans certaines villes et à arrêter plusieurs manifestants, y compris des personnes qui s’étaient présentées aux élections. Cependant, ce qui a suscité les plus grands doutes et préoccupations est l’utilisation de munitions et d’armes automatiques.
Malgré les réformes démocratiques promues par le roi Hussein dans les années 80, de nombreux citoyens jordaniens considèrent le Parlement, qui a des pouvoirs législatifs, un organe qui joue un rôle marginal. En vertu de la Constitution, le roi détient la plupart des pouvoirs, car il nomme les représentants du gouvernement et approuve les lois proposées.
Le nouveau Parlement aura plusieurs défis à relever, des pandémies aux problèmes économiques. Le blocus provoqué par les mesures anti-Covid a paralysé les entreprises jordaniennes et réduit les revenus de dizaines de millions de dollars, provoquant la plus forte contraction économique des vingt dernières années. Le gouvernement s’attend à ce que l’économie recule d’au moins 3,5% en 2020, s’éloignant des estimations du Fonds monétaire international (FMI), qui avait prévu une croissance de 2% avant l’éclosion de l’urgence du coronavirus.
À l’heure actuelle, la dette d’Amman dépasse 40 milliards de dollars, soit environ 100% du PIB, le taux de chômage a atteint 23%, tandis que celui de la pauvreté dépasse 15% et devrait encore augmenter avec l’urgence coronavirus. Le gouvernement, accusé de corruption financière et administrative, est tenu pour responsable de cette situation. En mars dernier, le FMI a approuvé un plan d’aide à la Jordanie d’un montant de 1,2 milliard de dollars, auquel il a ensuite alloué 396 millions de dollars en fonds d’urgence, visant à atténuer l’impact du Covid-19.