L’enquête sur la violente explosion qui a dévasté le 4 août 2020 le port de la capitale libanaise, Beyrouth, a de nouveau été suspendue après que le juge en charge de l’affaire, Tarek Bitar, a fait l’objet d’une récusation.
La nouvelle est sortie, à la suite d’une demande présentée par un ministre de l’ancien gouvernement libanais, qui a conduit le juge d’instruction de la Cour de justice, Bitar, à annuler l’interrogatoire d’un ancien général des services de renseignement militaire, prévu pour lundi prochain , et de suspendre les opérations liées à l’enquête. Selon des informations de sources libanaises, l’objection a été présentée par les avocats de l’ancien ministre de l’Intérieur, Nohad Machnouq, sur le fondement d’une prétendue partialité du travail de Bitar, après que le même juge a convoqué l’ancien ministre pour un interrogatoire, en octobre. Une telle démarche, pour Machnouq, contredit la Constitution et les procédures judiciaires pour les présidents et les ministres.
L’enquête sur l’incident d’août 2020 avait déjà été suspendue en décembre 2020, lorsque le juge Fadi Sawan, alors titulaire de l’enquête, avait été démis de ses fonctions, toujours à la suite de pressions de hauts responsables libanais, accusés par Sawan de négligence. Désormais, il appartient à la Cour d’appel de Beyrouth d’approuver ou non la demande d’opposition. La destitution de Bitar, si elle est acceptée, risque de mettre un terme définitif à l’enquête sur l’incident de Beyrouth, car il est peu probable qu’un troisième juge décide de prendre ses fonctions. Tout cela alimente la colère des familles des victimes qui, avec 145 organisations libanaises et internationales de défense des droits de l’homme, ont appelé le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à mettre en place une mission d’enquête internationale indépendante et impartiale,
Comme le précisent des sources libanaises, la demande présentée par les avocats de Machnouq vise à faire gagner du temps aux anciens ministres en vue de la réunion du Parlement prévue le 19 octobre. A partir de cette date, les suspects seront à nouveau protégés par l’immunité institutionnelle qui leur fait actuellement défaut, en raison de la transition entre le gouvernement sortant et le nouveau. Jusqu’à présent, 25 personnes ont été arrêtées dans le cadre de l’explosion, pour la plupart des travailleurs de niveau inférieur et intermédiaire et des responsables portuaires, ainsi que des hauts représentants des institutions et de la sécurité libanaises. Treize ont été libérés, tandis que le douanier Badri Daher et le chef de l’autorité portuaire de Beyrouth, Hasan Kraytem,sont toujours détenus. Dans ce cadre, le Ministre tutelle de l’Intérieur, Mohamad Fahmy,