L’Assemblée générale de l’ONU a décidé, vendredi 19 septembre, d’autoriser Mahmoud Abbas à s’adresser à la réunion annuelle des dirigeants mondiaux par vidéoconférence, après que les États-Unis lui ont refusé un visa pour entrer à New York. Une résolution en ce sens a été adoptée à une écrasante majorité : 145 voix pour, 5 contre et 6 abstentions.
Plus de 140 chefs d’État et de gouvernement feront le déplacement à New York la semaine prochaine pour participer à la 80e session de l’Assemblée générale. Mais le président de l’Autorité palestinienne, lui, sera contraint d’intervenir à distance, tout comme sa délégation, empêchée par Washington d’obtenir les visas nécessaires.
Cette exclusion intervient alors que la session devait être largement dominée par l’avenir des Palestiniens et la crise de Gaza, deux ans après le déclenchement de la guerre par Israël, en réponse à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023.
L’Arabie saoudite et la France présideront à partir de lundi des discussions consacrées à la perspective d’une solution à deux États. Ces rencontres visent à explorer les conditions de coexistence pacifique entre Israël et un futur État palestinien.
De nombreux pays, dont la France, s’apprêtent à reconnaître officiellement la Palestine, dans le sillage du vote massif intervenu à l’ONU la semaine précédente en faveur de la création d’un État palestinien – à l’exclusion du Hamas.
Richard Gowan, analyste à l’International Crisis Group, a qualifié cette dynamique de « signe symbolique » qui ne prendra tout son poids politique que si les États qui reconnaissent la Palestine adoptent ensuite des mesures concrètes pour faire pression sur Israël.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, qui doit lui aussi s’exprimer devant l’Assemblée générale, a réitéré son refus catégorique de voir naître un État palestinien sous son mandat. Gowan a par ailleurs mis en garde contre le risque d’escalade dans la région si Israël réagit par de nouvelles offensives.
Washington, principal allié d’Israël, a non seulement bloqué la délivrance des visas à Mahmoud Abbas et à sa délégation, mais continue de s’opposer à toute reconnaissance d’un État palestinien. Le président américain Donald Trump, de retour à la Maison Blanche, a par ailleurs signé plusieurs décrets réduisant drastiquement l’aide étrangère, fragilisant les agences de l’ONU dans un contexte où les besoins humanitaires, notamment à Gaza, atteignent des niveaux critiques.
Le refus américain de délivrer un visa à Mahmoud Abbas transforme sa voix en simple image projetée sur les écrans de l’ONU.. Réduit au virtuel, Abbas devient le symbole d’une cause qu’on cherche à marginaliser, alors même que Gaza continue de saigner et que la solution à deux États vacille entre les promesses des uns et les refus catégoriques des autres.