Le 19 novembre 2025, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a réalisé une visite imprévue dans la zone tampon du sud de la Syrie, franchissant la ligne de démarcation établie par l’accord de désengagement de 1974 entre Israël et la Syrie. Cette incursion, confirmée par le bureau du Premier ministre, constitue une étape à la fois symbolique et stratégique dans un contexte de tensions persistantes depuis la chute de Bachar al-Assad en décembre 2024. Accompagné d’une délégation de haut niveau, Netanyahu a inspecté des installations militaires, rencontré des soldats et tenu une réunion de sécurité, soulignant ainsi l’importance de cette présence pour la sécurité israélienne.
La délégation comprenait notamment le ministre de la Défense Yisrael Katz, le ministre des Affaires étrangères Gideon Sa’ar, le chef d’état-major de l’armée Eyal Zamir, le directeur du Shin Bet David Zini, ainsi que l’ambassadeur israélien aux États-Unis Yehiel Leiter, le chef du Conseil de sécurité nationale par intérim Gil Reich, le commandant du Commandement du Nord Rafi Milo et plusieurs autres officiers supérieurs. Selon des sources officielles, ils se sont rendus dans une position militaire près de Quneitra et du Mont Hermon, pour un briefing opérationnel et l’inspection d’un poste fortifié. Par ailleurs, des photos et vidéos publiées par le bureau de Netanyahu montrent le Premier ministre en gilet pare-balles, discutant avec les troupes sur le terrain et escorté par l’unité tactique Metzada du Service pénitentiaire israélien pour assurer sa protection.
Lors de cette visite, Netanyahu a insisté sur l’« importance immense » des capacités défensives et offensives d’Israël dans cette zone, destinées à protéger les alliés druzes locaux ainsi que la frontière nord israélienne face au plateau du Golan. « C’est une mission qui pourrait évoluer à tout moment, mais nous avons confiance en vous », a-t-il déclaré aux soldats, tout en remerciant leurs familles au nom du gouvernement et des citoyens israéliens. Cette opération s’inscrit dans un déploiement plus large des Forces de défense israéliennes (FDI), lesquelles ont établi neuf postes avancés dans une bande tampon de 10 à 15 km de profondeur depuis fin 2024, accompagnés de plus de 1 000 frappes aériennes visant à neutraliser des sites d’armement syriens.
Cette visite intervient alors que la Syrie traverse une période de transition fragile, après l’arrivée au pouvoir d’Ahmed al-Charaa, ex-leader de Hayat Tahrir al-Sham, récemment reçu à Washington par le président américain Donald Trump. Les États-Unis poussent pour un accord de sécurité entre Israël et la Syrie, intégrant potentiellement Damas aux Accords d’Abraham. Al-Charaa a indiqué au Washington Post des « bons progrès » dans les négociations, tout en conditionnant un accord définitif au retrait israélien aux frontières d’avant le 8 décembre 2024 – date symbolique de la chute d’Assad –, considérant que l’expansion israélienne représente non seulement une menace sécuritaire, mais aussi des « ambitions politiques ». Israël, pour sa part, exige une démilitarisation complète du sud syrien jusqu’au sud de Damas et refuse tout retrait sans garanties formelles de paix.
Le ministère syrien des Affaires étrangères a qualifié cette visite de « illégale » et de « grave violation de la souveraineté », appelant à un retrait total conformément à l’accord de 1974. De son côté, l’ambassadeur syrien à l’ONU, Ibrahim Olabi, a désigné l’armée israélienne comme une « armée d’occupation » et dénoncé une tentative d’« imposer un fait accompli » contraire aux résolutions du Conseil de sécurité, notamment la résolution 2799 réaffirmant l’intégrité territoriale syrienne. Sur X, des messages relayent ce communiqué, affirmant que toutes les actions israéliennes sont « nulles et non avenues » au regard du droit international.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, via son porte-parole Stéphane Dujarric, a qualifié l’événement d’« inquiétant au plus haut point », exhortant Israël à respecter l’accord de désengagement de 1974 et à éviter toute escalade. Par ailleurs, la Jordanie et plusieurs observateurs arabes expriment leurs craintes qu’un vide sécuritaire soit exploité par des groupes extrémistes. Sur X, les réactions varient : critiques acerbes de comptes pro-syriens qualifiant Netanyahu de « conquérant » inspectant « de nouvelles terres », ironie sur les avancées locales (ex. : feux de circulation) face à l’occupation, et analyses soulignant le risque de déstabilisation régionale. Certains utilisateurs notent également que l’escorte par des unités d’élite illustre la sensibilité sécuritaire du site.


























